Le prince et les arts en France et en Italie (XIVè - XVIII è siècle) par Brizay et Cassagnes-Brouquet

« Le prince et les arts en France et en Italie entre le XIV è et le XVIII è siècle » : telle est la nouvelle question d’Histoire entrée cette année dans le cadre du concours national du Capes (Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré, ndlr). Pour la première fois dans l’histoire de ce fameux concours, deux périodes sont traitées dans un même sujet d’étude : l’histoire médiévale et l’histoire moderne. François Brizay, historien moderniste reconnu notamment pour son Italie à l’époque moderne, et Sophie Cassagnes-Brouquet, spécialiste de l’histoire la ville à la fin du Moyen Âge, nous livrent un ouvrage de base fort intéressant sur cette nouvelle question, conçu comme un manuel d’étude largement axé sur la pédagogie et la didactique.

Un manuel de base

En effet, dans un premier temps, Le prince et les arts en France et en Italie (XIV è – XVIII è siècle) se veut être un manuel de base destiné à tous les étudiants préparant le concours du Capes – et bien plus encore. Dès l’avant-propos, François Brizay et Sophie Cassagnes-Brouquet rappellent tout l’enjeu de cet ouvrage : «son but premier est d’offrir aux étudiants des connaissances de base et d’éclairer les principaux enjeux historiographiques de la question ainsi que les problématiques qu’elle soulève». Tout est dit.

Il ne s’agit pas pour autant pour les auteurs de traiter leur sujet par le biais de longs développements, qui pourraient se révéler quelque peu fastidieux et indigestes. L’accent est mis sur l’intelligibilité, et sur l’accès direct à l’information historique : le sujet est abordé de manière thématique, et chaque champ d’étude se voit attribuer une bibliographie non-exhaustive qui permet à l’étudiant d’approfondir son étude, petit-à-petit.

De ce fait, les sous-parties ne sont jamais très longues, et l’on peut revenir aisément sur ce que l’on vient de lire. Exit la fastidiosité. Les renvois bibliographiques sont si fréquents que la lecture de cet ouvrage est très abordable, y compris pour les étudiants qui ont plus de mal que d’autres à comprendre et à analyser. Plus qu’une clé de lecture, ou qu’un manuel guidant l’étudiant dans ses recherches, cet ouvrage se veut être avant toute chose didactique et pédagogique.

Un ouvrage didactique et pédagogique

Il y a véritablement, dans cette œuvre, la volonté d’inculquer et d’expliquer au mieux le sujet, de façon à ce que l’étudiant sente qu’il progresse. La composition de l’œuvre est d’ailleurs explicite là-dessus, et contribue largement à renforcer la dimension didactique et pédagogique de l’ouvrage.

Dans un premier temps, ou plutôt dans une première partie, il s’agit de « comprendre ». Conçu comme une véritable introduction au sujet, ce chapitre explore la question du concours du Capes par le biais de différents thèmes. Pêle-mêle, nous retrouvons par exemple un point sur la « géographie historique du sujet », un autre sur « le Prince de l’Etat absolutiste », ou encore un sur le mécénat. Tout est mis en œuvre ici pour que l’étudiant saisisse au mieux les enjeux généraux – mais aussi particuliers - du sujet.

Le but étant, dans un deuxième temps, d’ouvrir l’étude au champ de la recherche. Après avoir donné à l’étudiant les moyens de « comprendre », l’œuvre l’incite à « rechercher » … et c’est d’ailleurs ce qui lui est demandé plus que toute autre chose à son niveau d’études. Bref, ici, les thèmes se généralisent, et les points historiographiques sont beaucoup plus présents, élément qui se révèle indispensable pour pouvoir mener une réflexion historique poussée et cohérente. François Brizay et Sophie Cassagnes-Brouquet font d’ailleurs référence à de nombreux travaux, pour certains très récents, datant de cette année.

La dimension pédagogique se renforce par ailleurs à la toute fin de l’œuvre, où l’on retrouve une dernière partie, simplement intitulée « s’entraîner ». Vous l’avez compris, il s’agit ici de proposer aux étudiants des exemples de dissertations – avec documents - demandées lors de l’examen du Capes. Evidemment, il ne s’agit pas d’une marche à suivre obligatoire ou de corrigés-types, et les auteurs s’en défendent notamment. Cette partie se veut être un point méthodologique, et a le mérite d’ouvrir l’étudiant à différents sujets d’examen possibles, susceptibles de tomber au concours. Il s’agit « d’offrir aux candidats quelques éléments de réflexion pour accompagner leur travail personnel ».

Analyse du cœur de l’ouvrage

Tentons maintenant de décortiquer quelque peu cet ouvrage, de se plonger dedans. Très rapidement, on se rend compte qu’il s’agit d’un travail avant tout pédagogique, comme cela vient d’être exposé. Les auteurs ont inclus de nombreuses cartes (de France et d’Italie), chronologies et généalogies (des Anjou aux Sforza en passant par les Médicis). L’intelligibilité de l’œuvre s’en trouve donc largement renforcée, et en cela réside tout son intérêt. Ces « annexes » qui jalonnent Le prince et les arts en France et en Italie (XIV è – XVIII è siècle) sont autant de clés supplémentaires qui permettent à l’étudiant de cerner et de saisir au mieux son sujet, qui est par ailleurs tout sauf aisé.

Soyons prosaïques : les développements sont très bien écrits, et leur compréhension est aisée. Cela peut paraître simpliste, mais il s’agit, à mon sens, d’un point essentiel : la progression est rapide, et l’étudiant ne perdra certainement pas de temps à saisir les travers qu’un tel sujet historique pourrait proposer. De même, les renvois bibliographiques sont nombreux et divers, ce qui permettra à chacun de mener au mieux et à son gré son étude, comme par exemple de faire des fiches ciblées sur différents thèmes développés par l’ouvrage.

De fait, dans Le prince et les arts en France et en Italie (XIV è – XVIII è siècle), tout est justifié : par les développements, par la présentation et la confrontation de sources historiques diverses, mais surtout par les pistes bibliographiques proposées. Le lecteur - qui, ne l’oublions pas, prépare un concours dur et fastidieux – ne se sentira jamais perdu : tout est mis en œuvre pour qu’il comprenne, pour qu’il se repère, mais aussi pour qu’il parvienne à dépasser le champ strict du sujet en menant une réflexion historique appropriée.

Faire tenir un sujet aussi vaste, qui plus est la question officielle du concours du Capes 2010-2011, n’était pas une sinécure. François Brizay et Sophie Cassagnes-Brouquet remplissent largement leur contrat : Le prince et les arts en France et en Italie (XIV è – XVIII è siècle) devient de fait un ouvrage incontournable. Histoire Pour Tous ne peut que vous conseiller cet ouvrage, qui est une excellente base de travail pour le Capes. L’ouvrage est très bien construit, et l’on sent véritablement une progression dans sa composition : plus que de saisir le sujet dans un premier temps, il s’agit de le développer ensuite dans l’optique de le maîtriser par l’entraînement et la méthodologie.

Néanmoins, comme les auteurs le précisent, Le prince et les arts en France et en Italie (XIV è – XVIII è siècle) n’est pas une somme traitant complètement le sujet : il est nécessaire pour l’étudiant de prendre ses responsabilités, qui consistent en un approfondissement intelligent du sujet. Il s’agit donc d’un ouvrage que tout étudiant préparant le Capes se doit d’ouvrir, parce qu’il est simple, bien construit et très utile, notamment méthodologiquement.

 

F. BRIZAY, S. CASSAGNES-BROUQUET, Le prince et les arts en France et en Italie (XIV è – XVIII è siècle), Bréal, Coll. Amphi Histoire (dirigée par M. Kaplan et B. Garnot), Paris, septembre 2010.

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