chevalierenluminureBouchard II de Vendôme (†1007) encore appelé Bouchard le Vénérable est un comte du Xème siècle, féal des rois Hugues Capet et Robert le Pieux. Il nous est connu, notamment au travers le texte « La Vie de Bouchard, comte de Melun » qu'Odon ou Eudes, moine de l'abbaye de Saint-Maur-des-Fossés, rédigea vers l'an 1058. Cette histoire, qui est aussi un éloge, nous montre notamment quels peuvent être les intérêts et les actions d'un grand vassal du roi, au début du Xème siècle. Ainsi, homme de guerre, chevalier accompli, instruit, attentif aux intrigues de son temps, Bouchard est aussi un homme au service de l'église, plein de dévotion et attentif au salut de son âme.

 

Bouchard, seigneur de Vendôme

Bouchard II de Vendôme est le fils de Bouchard Ier dit Ratepilate « chauve-souris » (910, † 960), premier comte héréditaire du Vendômois. Les Bouchard sont sans doute issus de deux grandes familles carolingiennes, les Girardides, comtes de Paris, et les comtes d'Orléans, toutes deux liées à l'empereur Charles le Grand. Egalement apparentés aux Robertides de par la branche maternelle, les Bouchard sont de fidèles soutiens des rois Robertiens Eudes et Robert qui lui confient sans doute le Vendômois comme bénéfice, puis des Capétiens. Ainsi, Bouchard II est, dès sa jeunesse, placé à la cour d'Hugues le Grand, duc des Francs, afin d'y être éduqué. Il devient ainsi un ami et fidèle compagnon du fils du duc, Hugues, futur Hugues Capet.

Sacre Robert II de France 1La coutume veut qu'effectivement le jeune noble quitte assez tôt sa famille afin d'être placé chez un seigneur auprès duquel il s'initie à son métier. Là, il peut apprendre à écrire et à lire. L'apprentissage de la lecture commence par savoir reconnaître les 24 lettres de l'alphabet, puis à former des syllabes et des mots. Pour cela, le maître peut utiliser des lettres en buis. Ensuite, l'élève déchiffre des textes du psautier ou des ouvrages profanes tels que des fables d'Esope. L'écriture s'acquiert au travers la copie des textes lus sur une tablette de cire à l'aide d'un stylet. Cependant, l'éducation reçue est avant tout sportive : le jeune noble apprend à monter à cheval ; il s'exerce à la lutte, à la course, au lancer de javelot, au tir à l'arc ; il apprend le maniement des armes tout d'abord avec des armes en bois, puis en métal ; il s'aguerrit à la chasse.

L'illustre Bouchard, né de noble race, ayant été régénéré par le saint baptême, fut noblement instruit, dans la religion catholique, aux exercices de la chevalerie, car, dès qu'il eut passé le temps de l'enfance, ses parents, selon la coutume des seigneurs français, le mirent en la cour du roi de France où, déjà puissant aux œuvres du chrétien, il s'enrichit en tout savoir de prudence et de bienséance ; car à la cour du glorieux Hugues (1), roi de France, il était façonné à toutes les choses, tant du ciel que de la guerre. (Odon, Eudes, moine de l'Abbaye de Saint-Maur-des-Fossés, Vie de Bouchard - Vita Domini Burchardi, traduction site remacle.org)

(1)  Eudes se trompe ; Hugues le Grand n'a jamais été roi de France, mais seulement duc des Francs.

En 960, Bouchard succède à son père comme comte de Vendôme alors qu'Hugues Capet devient lui-même duc des Francs. Dans le même temps, Aymon, comte de Corbeil, fils du gouverneur du duc de Normandie Richard Ier, décède, au cours d'un pèlerinage à Rome. Il laisse une jeune veuve Elisabeth, fille de Lisiard le Riche, seigneur de Sceaux-en-Gâtinais. Usant de ses prérogatives de suzerain, Hugues Capet marie la jeune femme, Dame de Sceaux et de Larchant, à Bouchard II : celui-ci devient alors comte de Corbeil et reçoit en sus la garde de la ville de Melun. Ainsi, par Corbeil et par Melun, le comte surveille et protège la navigation de la haute Seine et les arrivages de vivres à Paris.

enluminure-scene-de-mariage-gLorsqu'Hugues Capet est élu roi de Francie Occidentale en 987, il abandonne le titre de Comte de Paris porté par tous les ducs des Francs et investit son ami Bouchard de cet honneur. Enfin, aux alentours de 985, la fille du comte Bouchard, Elisabeth, épouse le comte d'Anjou Foulques Nerra (970, †1040). Cette alliance vise notamment à gagner l'alliance du comte d'Anjou pour faire pièce au comte Thibaut de Blois qui, en s'appropriant Chartres et Châteaudun, prend le comté de Vendôme en tenaille. Son fils, Renaud, est nommé chancelier de France par Hugues Capet en 988, puis évêque de Paris en 991.

Un vassal, ami des Capétiens

Comme vassal et ami, Bouchard soutient et conseille Hugues Capet, duc puis roi des Francs, ainsi que son fils Robert, dans plusieurs affaires, tout au long de sa vie. Il fait notamment partie du conseil de régence qu'Hugues Capet installe autour de son fils Robert, après l'avoir fait sacrer roi en 988.

Les Reliques de Saint-Valery

chevaliersfrancsEn 980, Bouchard accompagne Hugues Capet dans une expédition contre le comte de Flandres, Arnoul II le Jeune (961, † 987). A cette occasion, le duc capétien fait restituer les reliques de saint Riquier et de saint Valery que le comte de Flandres détient abusivement : son grand-père Arnoul le Grand (918, † 964), désireux de posséder des corps saints, les a volées dans leurs abbayes respectives, après avoir envahi le Ponthieu. La légende, forgée cinquante ans plus tard notamment par Hariulf auteur des « chroniques de l'abbaye Saint-Riquier », rapporte que les Saints seraient apparus en rêve à Hugues Capet, l'exhortant à aller les délivrer pour les ramener dans leurs abbayes d'origine ; en échange de quoi, il deviendrait roi de France et ses héritiers le seraient également jusqu'à la septième génération.

La monarchie des Francs (...) et était gouvernée par l'illustre duc Hugues, fils de Hugues le Grand. (...) une nuit, (...) Le bienheureux Valeri lui apparut et lui parla ainsi, par l'ordre de Dieu : « Que fais-tu ici ? lui dit-il » — A ces mots, Hugues lui demanda qui il était : « Je suis, répond le saint, Valeri jadis abbé du monastère de Leuconai, et je viens, par le commandement de Dieu, te faire cette recommandation. Le vénérable confesseur et bienheureux prêtre Riquier est captif avec moi depuis plusieurs années. La malice d'Arnoul nous a chassés de notre demeure, et il plait à Dieu que tu prépares et exécutes notre retour, afin que tu ramènes, par la vue et la présence de nos corps, la joie dans le cœur de nos serviteurs accablés de tristesse, et que tu rendes heureux, par notre replacement, ceux qui se réjouissent de nous avoir, après Dieu, pour patrons. Obéis donc sans retard ; chasse les clercs de nos abbayes, et fais que les moines y vivent régulièrement unis comme auparavant, sous la même règle. Si tu exécutes ce que je te prescris, je te promets, de la part de Dieu, que, par les mérites de S. Riquier et par mes prières, tu seras élevé à la royauté, et que tes enfants et tes petits-enfants, qui seront français d'origine, occuperont le trône après toi, jusqu'à la septième génération. » (Hariulfe, Chronique de l'abbaye de Saint-Riquier, livre III, traduction remacle.org)

La lutte contre Lothaire de France

En 954 décède Louis IV d'Outremer (920, †954), fils de Charles le Simple, roi des Francs. En 956, Hugues le Grand s'éteint à son tour.

lothairedefranceChacun des deux hommes laisse derrière lui un fils héritier encore jeune. Lothaire de France (♕ 954, †986) et Hugues Capet ont tous deux une quinzaine d'années et sont plutôt inexpérimentés. Hugues le Grand et Louis IV d'Outremer ont tous les deux pris pour femme une sœur du roi de Francie Orientale Otton Ier, respectivement Gerberge et Hadwige. C'est donc, dans la société patriarcale de ce temps, à Otton Ier (912, †973) de veiller sur ses neveux et, dans les faits, il confie ce soin à son frère l'archevêque-duc de Cologne, Brunon. L'archevêque laisse son neveu Lothaire agir en roi majeur et celui-ci, malgré l'intervention de son oncle, profite de l'effacement d'Hugues, pour tenter de s'approprier les possessions robertiennes les plus vulnérables. Ainsi, il attend quatre années avant d'investir Hugues du titre de Duc des Francs, prend possession de Dijon, normalement dans l'orbite du frère d'Hugues, Otton, et attire dans sa sphère d'influence, le comte de Champagne, Thibault de Blois.

Aussi, lorsque Hugues est investi du titre de duc des Francs, la principauté héritée de son père s'est effritée et de grands seigneurs tels que le comte d'Anjou et le comte de Blois, même s'ils sont toujours des vassaux du duc, entendent à présent agir en toute indépendance dans leurs terres. Cependant, il demeure au duc des Francs des fidélités solides, dans le noyau parisien de ces possessions, et notamment celle de Bouchard le Vénérable, qui ne lui fera jamais défaut.

Cette fidélité et ce rôle de conseiller éclairé du duc s'affichent notamment dans l'épisode du traité de Margut, en juillet 980. En 973, Otton Ier décède. Aussitôt, des révoltes éclatent un peu partout en Francie Orientale, dans les régions où l'aristocratie a mal supporté l'autorité du roi et de son frère Brunon. Le frère cadet de Lothaire, Charles, écarté de la succession de Louis IV d'Outremer, tente de profiter de ce mouvement pour se tailler une principauté en Lorraine. Afin de discréditer le parti lorrain, il accuse la reine Emma, femme de Lothaire, d'adultère avec l'évêque Adalbéron de Laon. Cependant, un concile innocente les accusés et Lothaire bannit son frère qui trouve alors refuge auprès d'Otton II (955, †983), fils d'Otton Ier, lequel, en plus, lui concède des territoires en Basse Lorraine. Lothaire prend comme un affront les honneurs rendus à ce frère qui a voulu jeter l'opprobre sur sa femme et lui. En août 978, il lève une armée et lance une attaque-surprise sur Aix-la-Chapelle dans le but de s'emparer d'Otton II et de son épouse, l'impératrice Théophano. Cependant, Otton prend la fuite et se réfugie à Cologne. Au bout de trois jours de pillage d'Aix et de ses environs, l'armée de Lothaire rebrousse chemin. Dès septembre 978, Otton II riposte et, à son tour, il envahit le royaume de Francie Occidentale, ravage le Rémois, le Laonnois, le Soissonnais, pille les palais de Compiègne et Atttigny. Lothaire, qui a licencié son armée, ne trouve, à son tour, de salut que dans la fuite. Alors, Hugues Capet intervient et, s'enfermant dans Paris, il contient l'armée d'Otton, l'empêchant ainsi de franchir la Seine, et donnant le temps à Lothaire de lever ses hommes. Une puissante marche alors vers Paris. Otton bat en retraite ; ses troupes sont harcelées par l'armée de Lothaire et l'arrière-garde est taillée en pièce alors qu'elle franchit à la hâte les gués de l'Aisne.

Otton2Au sein du royaume de Francie Orientale, la retraite anticipée d'Otton II a un retentissement considérable. Surtout, les grands du royaume comprennent que l'action d'Hugues a été déterminante et le jeune duc, apparaissant comme le rempart protégeant la royauté, revient alors au premier plan de la scène politique.

Ce revirement n'est pas du goût de Lothaire. Dans l'année 980, il renoue avec Otton II et entame des négociations, en laissant le Robertien à l'écart. Otton II et Lothaire se rencontrent à Margut-sur-Chiers, à la frontière des deux royaumes, en juillet 980. La paix est conclue.
Hugues Capet considère que ces négociations et cette rencontre dont il a été écarté sont un danger pour lui et son autorité. Il décide alors de se rendre à Rome pour y rencontrer Otton II, avec lequel il passe les fêtes de Pâques. Ses deux plus fidèles compagnons l'accompagnent : Armoul, évêque d'Orléans, et Bouchard, comte de Vendôme...

Richer, moine de l'abbaye Saint-Remi de Reims, élève de Gerbert d'Aurillac, relate avec beaucoup de fantaisie, dans ses ouvrages « Quatre livres d'histoire (991-998) », le retour d'Hugues depuis Rome. Ainsi, Lothaire et la reine Emma, ayant eu connaissance de l'accord d'amitié survenu entre le duc et Otton II, écrivent à Conrad, duc de Bourgogne, oncle d'Emma, puis à la mère d'Emma, afin que des mercenaires soient placés sur le chemin du duc et l'arrêtent, voire l'emprisonnent. Et de montrer le duc Hugues, changeant d'habits, se faisant passer pour un valet, afin d'échapper à ses ennemis...

Le duc, qui n'ignorait pas tout cela, presse son retour, et, pour échapper aux pièges qui lui sont tendus, change de vêtement et se fait passer pour une des personnes de sa suite. C'est lui qui conduit les chevaux chargés des bagages ; il les charge et les décharge, se fait serviteur de tous, et dissimule si bien son rang sous ce vêtement et cet extérieur grossiers, qu'en franchissant les embuscades qu'il ne pouvait éviter, il met en défaut la sagacité de ceux qui l'épient. Une fois seulement, dans une hôtellerie, il faillit d'être pris. Il allait se coucher, on lui préparait un lit avec le plus grand soin, et tous ses gens s'empressaient autour de lui pour le servir. Ceux-ci, le genou à terre, lui ôtaient ses bottines et les passaient à d'autres ; ceux-là, assis en-dessous de lui, frictionnaient ses pieds nus et les essuyaient avec le bord de leurs vêtements. Les fentes de le porte permirent à l'hôte de voir ce spectacle ; mais on le surprit à guetter, et, pour qu'il n'allât rien divulguer, on l'appela. Il entre ; les épées brillent (...) et on le jette dans un étroit réduit (...) (Richer, Histoire en quatre livres, source Gallica)

Le concile de Saint Basle

En 987, suite au décès prématuré du roi Louis V qui ne laisse pas d'héritiers direct, Hugues Capet est élu et sacré roi de Francie Occidentale. Ce choix, appuyé par l'archevêque de Reims Adalbéron (925, †990), s'effectue en bafouant les droits du Carolingien Charles de Lorraine, frère du roi Lothaire et oncle du roi Louis V.

mortdelouisVEn 988, Charles, appuyé par plusieurs seigneurs hostiles au Capétien, passe à l'action et s'empare de la ville de Laon. Il fait prisonnier l'évêque de la ville Adalbéron de Laon, aussi appelé Ascelin, ainsi que la reine Emma, veuve de son frère. Il est aidé dans son entreprise par Arnoul, un clerc de la ville, fils bâtard de Lothaire.

Hugues Capet et son fils mettent en vain le siège devant la cité et échouent dans leurs différentes actions diplomatiques. Le 15 août 988, les troupes de Charles effectuent une sortie, assaillent par surprise le camp royal alors que les sentinelles sont « alourdies par le vin et le sommeil » et elles y mettent le feu. Hugues et sa suite sont obligés de fuir. La région est dévastée par les troupes du Carolingien qui s'empare de la forteresse royale de Montaigu et s'aventure jusque sous les murs de Reims.

Justement, au début de 989, l'archevêque de Reims Adalbéron tombe malade et décède. Gerbert d'Aurillac (945, †1003), son secrétaire et maître du collège épiscopal, est pressenti pour lui succéder, mais ce dernier hésite et tarde à se prononcer. Une autre candidature survient : celle d'Arnoul, le fils bâtard de Lothaire. Le roi Hugues hésite et finit par accepter, pensant se concilier ainsi ce partisan de Charles de Lorraine, mais il fait prêter serment de fidélité au nouvel archevêque sous différentes formes et notamment par écrit.

Peu après son intronisation, Arnoul livre les clés de la ville à Charles de Lorraine. Cependant, afin de protéger Arnoul, une mise en scène est imaginée : on fait croire qu'Arnoul s'est fait dérober les clés de la ville et, lorsque Charles pénètre dans la ville, il est lui aussi jeté en prison. La situation du Capétien est maintenant critique. Peu après, Arnoul jette le masque et prête serment à Charles. Hugues obtient d'un concile d'évêques, son excommunication, mais le Pape, auquel il envoie une délégation, refuse de prononcer la condamnation et la déposition de celui-ci. Hugues Capet lance alors une chevauchée dans le Laonnois et le Soissonnais, terres sous la domination du Carolingien, puis il rencontre les troupes de Charles devant Laon. Les deux armées restent face à face et finissent par battre en retraite, sans engager le combat.

capture charlesdelorraineDeux mois après sa capture, l'évêque Adalbéron de Laon, dit Ascelin, était parvenu à l'aide d'une corde à s'échapper du donjon où il était retenu. En 990, feignant de se réconcilier avec Charles, il regagne Laon et jure fidélité au Carolingien. Au soir du dimanche des Rameaux, le 29 mars 991, il assiste avec celui-ci à un grand festin. Lorsque la nuit est venue, les hommes de l'évêque s'emparent de Charles, de sa femme, de ses enfants et d'Arnoul. Puis, il les livre à Hugues Capet qui les enferme à Orléans. Charles de Lorraine meurt peu de temps après, lors de sa captivité.

En juin 991, le roi réunit à Saint-Basle-de-Verzy un concile d'évêques, qu'il dénomme Concile des Gaules, dans le but de déposer Arnoul, malgré le refus du Pape. L'assemblée est présidée par l'archevêque de Sens et est composée de douze évêques. Le comte Bouchard y représente le roi. Comme Arnoul refuse d'avouer et ne fait que répondre « Vous l'avez dit » aux différentes accusations portées sur lui, Bouchard s'écrie : « Qu'il parle ouvertement, qu'il avoue devant tous, et qu'il n'aille pas dire ensuite : les évêques m'ont chargé des crimes qu'ils ont voulu, moi je n'ai rien dit ! » Finalement, Hugues et Robert se rendent au Concile et, en leur présence, Arnoul avoue sa trahison, puis renonce à sa charge. La nomination de Renaud, fils de Bouchard, comme évêque de Paris, serait la récompense de cette intervention.

Le conflit avec Eudes de Blois

Les faits selon Richer

En 991, le comte Eudes Ier de Blois s'empare du château de Melun, appartenant au comte Bouchard. La forteresse lui est livrée par le capitaine de celle-ci, un dénommé Gautier, qui se laisse convaincre de céder et trahir. Aussitôt, le roi Hugues Capet, accompagné de son fils Robert qu'il a fait couronner et associé à la royauté dès 988, lève une armée et, avec ses alliés Foulques d'Anjou et Richard I de Normandie, il vient mettre le siège devant la ville. Foulques et l'armée du roi campent sur la rive gauche tandis que les Normands investissent la rive droite.

Council 991arnoulLe siège est long et difficile, car la ville, sise sur une île au milieu de la Seine, est bien fortifiée. Finalement, les hommes du duc Richard s'introduisent dans la ville par une poterne, massacre la garnison qui se rend. Eudes de Blois, qui est resté aux alentours avec son armée, n'intervient pas. Apprenant que la ville est prise, il se retire. Le capitaine de la ville, Gautier, et sa femme sont pendus. Le châtiment subi par celle-ci, qui est suspendue par les pieds, de sorte que ses vêtements retombant autour d'elle laissent voir son corps nu, frappa particulièrement les esprits.

La nouvelle de cet événement arriva bientôt aux oreilles des rois. Courroucés par la perte de leur château, ils rassemblèrent une armée, bien résolus à ne point quitter le siège de la place qu'ils ne l'eussent emportée, ou, s'il le fallait, qu'ils n'eussent livré bataille à l'ennemi. Les troupes prêtes, ils vont assiéger Melun ; et comme le château est entouré de tous côtés par la Seine, après avoir dressé leur camp sur le bord du fleuve, ils font passer un corps de pirates (-ce sont les normands que Richer désigne ainsi-) sur la rive opposée (...) Cependant les assiégés, rivalisant d'efforts avec l'ennemi, luttent courageusement et tiennent bon. Mais, tandis qu'ils en soutenaient les attaques avec une vigueur et un bonheur constant, les pirates étant parvenus à découvrir et à enfoncer une poterne, s'introduisirent au cœur du château, prennent par derrière ceux qui combattaient aux murailles et en font un affreux carnage. (Richer, Histoire en quatre livres, source Gallica)

Les faits selon d'autres chroniques

siegedemelunLa prise de la ville de Melun est datée de l'année 991 par Richer. Cependant, les autres chroniqueurs, tels Orderic Vital ou Guillaume de Jumièges, datent l'événement de l'année 999. Dans ce second cas, Eudes Ier est mort depuis 3 ans et c'est alors son fils cadet Eudes II, comte de Chartres, qui prend la forteresse de Melun. Robert Ier le Pieux règne seul, son père étant décédé depuis 996. Le duc de Normandie impliqué dans le siège est Richard II, fils de Richard Ier. Dans ces autres récits, c'est alors que le comte Bouchard réside à la cour du roi Robert qu'Eudes II, jaloux, s'empare de la place forte, qui a autrefois appartenu à son aïeul Thibault le Tricheur. Le roi lui intime l'ordre de rendre celle-ci, mais le comte réplique que tant qu'il sera vivant, il ne la rendra à personne. Débute alors le siège de la cité.

L'an du Seigneur 999, le vénérable archevêque Seuvin commença à restaurer entièrement le couvent de Saint-Pierre de Melun ; il y envoya des moines et mit à leur tête l'abbé Gautier. Dans le cours de cette même année, le chevalier Gaultier et sa femme cédèrent la place de Melun à Eudes, comte de Chartres. Cependant le roi Robert réunit une puissante armée ; il assiégea la place de Melun avec le comte Bouchard, et les Normands, convoqués sous le commandement de leur duc Richard. Cette place ayant été prise, Gaultier et sa femme furent pendus au gibet. Le comte Bouchard rentra en possession de la place, comme il en avait usé antérieurement. (Orderic Vital, histoire de Normandie, troisième partie : livre VII, partie I, traduction remacle.org))

En ce temps (Le chapitre XV débute par « Trois années s'étant écoulées après ces événements, le duc des Bourguignons, Henri, mourut sans laisser d'enfants » - le duc de Bourgogne est mort en 1002, donc le siège est placé en 999), tandis que Bouchard, comte du château de Melun, résidait à la cour du roi des Francs, un certain sien chevalier, nommé Gautier, aveuglé par des présens, lui ravit en fraude son château, et le livra par une trahison secrète au comte Eudes. Or le roi, lorsqu'il apprit cette nouvelle, manda en toute hâte au comte Eudes qu'il eût à se dessaisir de plein gré du château dont il s'emparait injustement. Mais lui, se fiant en la forte position de ce lieu, que la Seine entourait de ses eaux, répondit aux députés du roi que tant qu'il serait vivant il ne le rendrait à personne. Le roi, extrêmement irrité de ces paroles, appela à une conférence Richard duc de Normandie, lui raconta ce qui le faisait rougir de honte, le suppliant par sa très-gracieuse fidélité de venir à son secours, afin qu'il ne fût pas ainsi livré en proie aux insolences des siens. Or le duc, ne pouvant souffrir le déshonneur de ce bon roi, rassembla une armée merveilleusement grande, se rendit aussitôt devant Melun, et l'assiégea de l'un des côtés du fleuve, tandis que le roi prenait position sur l'autre rive. Ainsi attaqué de deux côtés, le château fut le jour et la nuit incessamment ébranlé, comme par une tempête, par les machines et les engins de guerre. Enfin les habitants, voyant bien qu'ils ne pourraient résister aux efforts violents de tels ennemis, livrèrent au duc l'orgueilleux rebelle, ouvrirent ensuite leurs portes, et reçurent le duc avec les siens. Le duc épargna la multitude, et envoya tout aussitôt le traître au roi Robert, lui mandant de faire venir des chevaliers, pour retenir le château dans sa fidélité. Le roi, fort réjoui de cette nouvelle, restitua sur-le-champ le château à Bouchard, et ordonna de pendre à une potence le traître et sa femme, leur rendant ainsi le juste prix de leur rébellion. (Guillaume de Jumièges, Histoire des Normands, livre V, chap 14, traduction remacle.org))

Odon de Saint-Maur dans sa vie de Bouchard le Vénérable précise que, quelque temps après la fin du siège, l'armée du comte Bouchard rencontre celle du comte Eudes de Blois dans la plaine non loin du village d'Orsay, sis actuellement dans le département de l'Essonne. L'armée du comte de Blois est mise en déroute.

Bouchard au service de l'église et de Dieu

Guerrier et vassal des rois Hugues et Robert, Bouchard apparaît également dans « La Vie de Bouchard, comte de Melun » du moine Odon comme un serviteur de l'église et de Dieu. Ainsi, ses ennemis tels le comte de Blois sont inspirés par le diable et les batailles engagées sont des jugements de Dieu. Le « bon » comte, soutenu par Dieu, est vainqueur.

Excité par l'ennemi du genre humain, le comte Eudes se montrait plein de haine et d'envie envers le vénérable comte, dont les bonnes actions, la préférence avec laquelle il le voyait traité à la cour du roi, et l'estime et l'affection dont il était partout l'objet, lui inspiraient de la jalousie. C'est pourquoi, par séduction et par trahison, il lui enleva le château de Melun. Le comte l'ayant appris rassembla une armée de Français ; et aidé par le roi, assiégea Eudes avec beaucoup de milliers de chevaliers. Eudes voyant qu'il n'était guère en sûreté dans ce château, et ne pouvait le retenir en sa possession, en sortit secrètement, et s'enfuit avec les siens. Bouchard y étant entré, reprit son château. Gautier, dont la trahison avait accompli un si grand crime, fut pendu avec sa femme sur une montagne qui domine ce château. Dans un autre temps, par les insinuations de l'ennemi de la paix et de la lumière, ces deux comtes s'appelèrent au combat à un lieu assigné dans le même pays de Melun. (...) Le seigneur Bouchard s'étant pieusement humilié en présence de Dieu, pour qu'il lui accordât la victoire contre un superbe ennemi, enorgueilli en son corps et en son nom, les combattants se joignirent dans les champs d'un petit village appelé Orsay. En étant venus aux mains, par le jugement de Dieu, les troupes d'Eudes tournèrent leurs armes contre elles-mêmes, et furent détruites avec un grand carnage. Bouchard, rempli d'une sincère confiance au Seigneur, fondit sur ses ennemis ; et en ayant tué beaucoup de milliers, obtint du ciel la victoire. Eudes voyant l'extrême diminution de son armée et le grand nombre des siens étendus morts dans la plaine, songeant d'ailleurs qu'il ne pourrait en aucune façon être vainqueur ce jour-là, saisi d'une crainte épouvantable, et couvert d'une grande honte, craignait même les dangers de la retraite, il se hâta donc de prendre en secret la fuite. Après que le comte, fidèle à Dieu, eut remporté la victoire, il rendit grâces au Seigneur avec les siens, et s'en retourna chez lui rempli de gloire. (Odon, Eudes, moine de l'Abbaye de Saint-Maur-des-Fossés, Vie de Bouchard - Vita Domini Burchardi, site remacle.org)

Les Reliques de Saint-Valery

bas-cote-nord-de-la-nefUn autre exemple de la dévotion du comte Bouchard nous est donné, au sujet des reliques de Saint-Valery dont nous avons déjà parlé. Après que le comte de Flandres, Arnoul II le Jeune (961, † 987), ait restitué les reliques qu'ils détenaient, Odon nous montre le comte Bouchard et le vicomte Orland de Vimeu qui portent la châsse d'argent renfermant les restes de Saint Valery. Arrivés au bord de la Somme, ils sont arrêtés par les eaux tumultueuses du fleuve en crue.

Alors le comte, qui portait le saint corps, dit, en présence de tous les assistants qui invoquaient Dieu de toute leur âme : « Seigneur Jésus-Christ, si ta volonté miséricordieuse est que le corps de ton saint soit rendu à son propre monastère, que ta clémente bonté ordonne que, pour nous, le fleuve se sépare en deux, et ne se refuse pas à nous ouvrir un passage, afin que ce peuple, soumis à ton nom, puisse, d'un cœur dévot, et dans un transport de joie, rendre à ta gloire et à l'honneur de ce saint le tribut de ses louanges. » Le Seigneur fut fléchi par ces paroles du serviteur de Dieu et les prières de son saint, et aussitôt les eaux de la mer se divisèrent de telle sorte que ceux qui portaient le saint corps, et tout le peuple, passèrent à pied sec et sans aucun danger les périlleuses ondes, en louant et bénissant le Seigneur Dieu avec une extrême dévotion. Par ce fait, le Seigneur daigna renouveler le miracle qu'il avait miséricordieusement opéré au milieu de la mer par son serviteur Moïse, lors de la fuite des enfants d'Israël. (Odon, Eudes, moine de l'Abbaye de Saint-Maur-des-Fossés, Vie de Bouchard - Vita Domini urchardi, site remacle.org)

Voilà Bouchard transposé en un nouveau Moïse franchissant la Somme et non la Mer Rouge ou encore l'équivalent du peuple d'Israël, mené par Josué, passant le Jourdain à sec, tout en portant l'Arche d'Alliance. Par ailleurs Bouchard réalise plusieurs donations en faveur de l'abbaye comme des manses de terre sises à Herlicourt, des moulins près d'Abbeville et des villages.

L'abbaye de Saint-Maur

Le protecteur

L'abbaye de Saint-Maur-des-Fossés a été fondée en 639, sous la régence de la reine Nanthilde, troisième épouse de Dagobert Ier. Le terme « Fossé » fait référence au relief du lieu, particulièrement pentu jusqu'à la Marne. Abbaye royale, elle bénéficie du régime de l'immunité. Largement favorisée par les souverains carolingiens, elle recueille en 968 les reliques de saint Maur en provenance de l'abbaye Saint-Maur-de-Glanfeuil, attaquée par les Vikings.
En cette fin du Xème siècle, l'abbaye est tombée en décadence et ses moines, dirigés par Maynard, ne respectent plus la règle de saint Benoît. Ils préfèrent, raconte Odon, chasser les animaux sauvages et se parer d'habits luxueux. Cette décadence, qui touche de nombreux monastères dévastés notamment par les raids vikings, fait l'objet de plusieurs paragraphes dans les ouvrages « Quatre livres d'histoire (991-998) « du moine Richer qui transcrit les plaintes de son abbé Raoul à ce sujet, lors d'un synode réuni au Mont-Notre-Dame en 972.

« Il y en a donc dans notre ordre qui aiment à porter des coiffures à oreilles ou à couvrir de pelleteries étrangères la coiffure prescrite par la règle, et à se parer avec luxe au lieu d'être simples dans leur vêtements. Car ils recherchent les tuniques de grand prix, à larges manches et à plis flottants, et ils les serrent si bien de chaque côté, qu'à leur taille fine et à leurs fesses proéminentes, on les prendrait par derrière pour des courtisanes plutôt que pour des moines. » (Richer, Histoire en quatre livres, source Gallica).

Bouchard, sollicité par l'un des moines de l'abbaye qui ne supporte plus cette décadence, obtient du roi Hugues Capet de pouvoir s'occuper de celle-ci afin de l'améliorer, d'en devenir le protecteur ou avoué. Le comte se rend alors en Bourgogne auprès de l'abbé Mayeul de Cluny (910, †994), lequel accepte, en 989, de venir diriger Saint-Maur-des-Fossés avec quelques-uns de ses moines. Puis, c'est Teuton, venu avec Mayeul, qui devient abbé de Saint-Maur, lorsque l'abbé de Cluny décide de regagner la Bourgogne.

Mayeul abbé de ClunyEn 1005, à la faveur de l'absence de Teuton parti faire une retraite près de Reims, Thibaut, le beau-fils de Bouchard, fils d'Elisabeth et d'Haymon de Corbeil, est nommé à la tête de l'abbaye. Le comte Bouchard comble l'abbaye de dons, lui cédant, avec l'accord du roi, des villages et des domaines lui appartenant tels que le village de Neuilly et des biens sis à Noisy-le-Grand, Lisses, Sceaux. Il assure ainsi le salut de son âme, l'atténuation de ses crimes et de ses péchés. Mais, la protection des églises et des abbayes, leur restauration fait naturellement partie des attributions des vassaux du roi. Cela leur permet certes de garantir leur salut, mais aussi d'accroître leur pouvoir. Ainsi, Eudes Ier de Blois agit de la même manière auprès de l'abbaye de Marmoutier, où là encore l'abbé Mayeul est chargé de restaurer la vie de la communauté des moines. Puis, plus tard, Gauzbert de Tours, proche parent des fils d'Eudes Ier, est fait abbé.

La retraite

En 1006, le comte Bouchard exprime ses dernières volontés, partage ses biens entre ses héritiers et se retire à l'abbaye de Saint-Maur. Quelque six années auparavant, un terrible événement l'a frappé. Sa fille Elisabeth, épouse de Foulques Nerra, est morte, brûlée vive, à Angers. Est-ce un incident ? Un meurtre commis par son époux qui désirait prendre une autre femme ? A-t-elle été punie pour adultère ? Nul ne sait vraiment. Le mariage n'avait pas donné d'héritier mâle au comte d'Anjou et, moins d'un an après le décès d'Elisabeth, il épouse Hildegarde de Haute-Lorraine de Sundgau.

Bouchard tombe malade, reçoit les derniers sacrements et prend l'habit monastique. Puis, il recouvre la santé, renvoie les serviteurs qui l'avaient suivi lors de sa retraite, fait don de la vaisselle et des meubles apportés avec lui et suit alors la règle bénédictine comme simple novice. Mais, une maladie de langueur le fait décliner et il s'éteint vraisemblablement le 26 février 1007. Il est enterré, une croix d'absolution placée sur sa poitrine, dans le chœur de l'église au cours d'une cérémonie à laquelle une foule considérable de vassaux et serviteurs assiste. Quelques années plus tard, son épouse décède à son tour et elle est ensevelie à ses côtés.

Dès qu'il fut mort, l'évêque vint aussitôt avec nombre de clercs, ainsi que l'abbé et la troupe des moines. On ensevelit son corps avec les cérémonies funèbres, et on recommanda à Dieu son âme sainte. Des cris retentissent soudain dans la ville, dans les châteaux, dans les bourgs et les places. Les chevaliers, les riches et les pauvres, les vieillards et les jeunes gens, les veuves et les vierges, tous se pressent en foule, pleurant et gémissant, et remplis d'une amère douleur. Le monastère des Fossés retentit de plaintes et des lamentations de la douleur la plus vive et la plus partagée, car il perd son patron et son protecteur, celui qu'il avait mérité d'avoir pour appui et pour défenseur le plus fidèle. (...) On ensevelit donc le corps d'un si noble homme en face de notre Rédempteur, dans la maison où s'assemblaient les frères pour le chapitre du matin et du soir. Les anciens pères s'empressèrent d'orner son tombeau de ces vers, afin de donner à sa mémoire une inviolable immortalité :« Grand fut cet homme tant qu'il fut revêtu de son corps.« Il eut nom Bouchard, et fut connu dans tous les pays de la terre.« Partout illustre par ses mérites, modeste dans ses actions et dans ses paroles,« Il était généreux envers les pauvres et bienfaisant envers les veuves,« Et voilà qu'en son tombeau repose son corps ;« Mars l'a vu trépasser le quatrième jour avant ses calendes. »(Odon, Eudes, moine de l'Abbaye de Saint-Maur-des-Fossés, Vie de Bouchard - Vita Domini Burchardi, site remacle.org)

Bibliographie

- ODON (EUDES), moine de l'Abbaye de Saint-Maur-des Fossés, Vie de bouchard – « Vita Domini Burchardi », traduction site remacle.org
- Richer, Histoire en quatre livres, publiée par l'académie impéraile de Reims, traduction A.M. Poinsignon, source Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k361020/f1.image1
- Hariulfe, Chronique de l'abbaye de Saint-Riquier, livre III, traduction remacle.org
- Guillaume de Jumièges, Histoire des Normands, traduction site remacle.org
- Charles Bourel de la Roncière, Vie de Bouchard le Vénérable, Introduction, Alphonse Picard et Fils, Editeurs, 1892
- La « Vie du seigneur Bouchard, comte vénérable ». Conflits d'avouerie, traditions carolingiennes et modèles de sainteté à l'abbaye des Fossés au XIe siècle., Michel LAUWERS (dir.), Guerriers et moines. Conversion et sainteté aristocratiques dans l'Occident médiéval (IXe - XIIe siècle), Antibes, 2003, p. 371-418.
- Pierre Riché, Danièle Alexandre-Bidon, L'enfance au moyen âge, Seuil, BNF.
- Yves Sassier, Hugues Capet, Fayard
- Henri D'arbois De Jubainville, L'historien Richer et le siège de Melun en 999, Bibliothèque de l'école des chartes , Année 1859, Volume 20, Numéro 20, pp. 393-399
- Pierre-Paul Ferrand, « L'ami fidèle du roi Hugues, Bouchard Ier le Vénérable », Association Culturelle de Larchant.

Crédits (photos gracieusement mises à disposition)

- Scène de Mariage, "Parchemin et par Pot" Audry Héloïse, www.parcheminetparpot.com

- Abbaye de Saint-Valery, bas-côté nord de la nef, blog Hatshepsout, www.hatshepsout.over-blog.com/pages/Labbaye_de_SaintValerysurSomme_au_Moyenage-1389722.html

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