A l'origine "élixir de longue vie", la Chartreuse est une liqueur d'origine végétale produite depuis quatre siècles par les moines de la Grande-Chartreuse, un couvent situé dans le massif du même nom. Le succès jamais démenti de cette liqueur assure l'essentiel des revenus des Pères Chartreux. Le soir du naufrage du Titanic, le 14 avril 1912, un dessert à base de Chartreuse était au menu des 1eres classes. Il s'agissait du dixième plat, celui des «pêches en gelée de Chartreuse » ... Incroyable destinée que celle de cette liqueur !
La Grande-Chartreuse, un massif et une célèbre abbaye
Le massif de la Grande-Chartreuse est situé entre les Bauges au nord-est et le Vercors au sud-ouest. Il domine les cluses de Chambéry au nord et de Grenoble au sud, le Grésivaudan à l'est et les collines du bas Dauphiné à l'ouest. C’est en ce massif sauvage, possession de l’abbaye de la Chaise-Dieu, peu accessible aux hommes, que l’évêque Hugues de Grenoble accueille, en 1084, Bruno de Cologne (saint Bruno) et ses premiers compagnons : Lauduin de Lucques, Hugues, Étienne de Bourg, Étienne de Die, André et Guérin.
L’ordre des Chartreux vient de naître. On y installe le premier ermitage de l’ordre, puis un monastère beaucoup plus grand. Le massif est abandonné à la Révolution, réoccupé puis délaissé à nouveau lors de la séparation de l’Église et de l’État en 1905. Le monastère n’est réoccupé définitivement par les moines qu’en 1940. Les bâtiments de l’actuelle Chartreuse datent du XVIIe siècle. La fabrication de la célèbre liqueur de la Grande Chartreuse a quant à elle été transférée à Voiron.
La recette de la liqueur de la Chartreuse, un secret bien gardé
C'est en 1605 que les moines de la Chartreuse de Vauvert auraient reçu du duc d'Estrées, un maréchal d'Henri IV, un mystérieux manuscrit avec la formule d'un élixir de longue vie, contenant la quasi-totalité des plantes médicinales de l'époque et dont nul ne sait l'origine. Trop complexe, la recette semble n'avoir été que partiellement utilisée pendant plusieurs décennies à Paris.
En 1735, les moines communiquent sa formule à leur maison-mère, la Grande-Chartreuse, située en Isère. C'est le frère Jérôme Maubec, apothicaire du monastère, qui parvient à mettre en pratique la vertueuse liqueur, dite «de santé», avec 130 plantes demeurées secrètes et qui tire à 71°C.
Un succès jamais démenti
Depuis, les moines distillent toujours dans le plus grand secret et, commercialisent cette légendaire liqueur sous le nom d'Elixir végétal de la Grande-Chartreuse. La recette n'a pas changé depuis 1605, sinon deux ou trois ingrédients remplacés pour des raisons réglementaires. Aucun brevet ne protège la formule, pour ne pas en dévoiler la composition, et une seule copie existe du grimoire remis par le duc d'Estrées.
Le produit connaît un énorme succès, un million de bouteilles sortent chaque année de la distillerie. De nouvelles combinaisons ont donné naissance à de plus douces liqueurs, comme la Chartreuse verte ou la Chartreuse jaune. Les moines proposent également à la vente de l'eau de noix, du génépi et des liqueurs de fruits. La moitié des ventes a lieu en France, l'autre moitié à l'international. une liqueur particulièrement appréciée des américains, qui en rafolent.
Pour aller plus loin
- Chartreuse: Guide de l'amateur de liqueur, de Michel Steinmetz. Glénat, 2019.
- L'Histoire de La Grande Chartreuse en BD, de Laurent Bidot. Glénat, 2001.