libertador filmSimon Bolivar est une figure majeure de l'histoire sud-américaine. Avec l'essor du cinéma sud-américain et le coup de projecteur grâce au mouvement et à la politique d'Hugo Chavez, il était prévisible qu'un nouveau biopic s'intéresse à ce monument mémoriel. Libertador de Alberto Arvelo avec Édgar Ramírez dans le rôle principal ainsi qu'Erich Wildpret, María Valverde, Iwan Rheon ou encore Danny Huston propose de découvrir ou de redécouvrir le combat difficile du libérateur de l'Amérique du Sud espagnol.

 

Un héros de l'amérique latine

Le film débute sur la tentative d'assassinat du Libertador en 1828 : prévenu par sa compagne Manuela Sáenz du complot imminent, Simon Bolivar se met à fuir se remémorant sa vie passée. Un récit chronologique s'ensuit relatant son enfance, brièvement son passage à la cour d'Espagne avant de revenir en compagnie de son épouse au Venezuela. Le réalisateur nous permet de découvrir les grands traits de la société sud-américaine de cette époque et le milieu dans lequel baigne Simon Bolivar (en particulier son milieu social et son entourage révolutionnaire incarné par son précepteur Maestro). Cette première partie du film s'attarde beaucoup sur la relation forte entre Simon et sa femme qui malheureusement succombe très vite de la fièvre. Ce décès brutal plonge le héros dans un profond désarroi qui le pousse à quitter la Bolivie pour la France où il mène une vie agréable enchainant les conquêtes et les jeux. À Paris, il retrouve Maestro et rencontre un homme d'affaires britannique Torkington très intéressé par les mouvements indépendantistes d'Amérique Latine ainsi que le général Francisco de Miranda. La suite narre à grands traits son retour et le combat pour l'indépendance.

Quelques libertés avec l'histoire

EL-LIBERTADORLes choix du film et les libertés qu'il prend parfois avec l'histoire sont souvent justifiés pour que le spectateur comprenne mieux le contexte ou les enjeux. Les passages avec Torkington sont parmi les plus intéressants. Bien que n'ayant pas existé, le personnage représente et met en œuvre les desseins britanniques. Le film réussit très bien à montrer les enjeux majeurs pour les Britanniques (gains de positions commerciales, financement de futures infrastructures, etc.) de cet « empire informel ». D'autres libertés historiques ont été prises pour des raisons cinématographiques. Les images de la traversée des Andes sous la neige permettent au réalisateur de filmer de magnifiques paysages (il n'y avait vraisemblablement pas de neige au moment de la traversée). Certaines scènes fictives en revanche sont mentionnées pour renforcer les aspects dramatiques du film à l'instar de celle de la rencontre sportive avec le futur Ferdinand VII d'Espagne au début du film qui permet de préparer une réplique future du film sur la ténacité du roi et révèle la ténacité du jeune Libertador. La fin du film qui narre les derniers jours de Simon Bolivar est certainement l'un des passages les plus problématiques. Sans révéler la fin de l'œuvre, on peut noter que d'importantes libertés ont été prises pour renforcer le caractère sacrificiel du héros. Chacun jugera de la pertinence de cette réécriture.

Notre avis

Le film repose sur la performance d'Édgar Ramírez qui joue un libérateur très convaincant mais les seconds rôles sont aussi dans l'ensemble très bons. Nous retenons en particulier la performance de Danny Huston qui joue le rôle d'un banquier soutenant et finançant le mouvement révolutionnaire non sans intérêt. Ces bonnes prestations des acteurs ne masquent que partiellement les défauts du film. Les dialogues sont très classiques voire basiques et peu élaborés ; les discours du Libertador à vocation épique ne resteront pas dans les annales et sont en partie ternis par la musique d'arrière-plan qui masque partiellement et de manière assourdissante ces passages. Les pensées de Bolivar apparaissent par moment en voix off sans apporter une plus-value considérable. La photographie et les décors en revanche sont réussis. La musique de Gustavo Dudamel reprend les standards hollywoodiens de manière très classique voire caricaturale.

Au final, le film est assez agréable à regarder bien que très académique. Il reprend les standards hollywoodiens sans réelle fausse note tout en nous plongeant dans un monde rarement dépeint ces dernières années. Certaines libertés prises pourront en rebuter certains mais pour d'autres ce film peut constituer une introduction (certes imparfaite et en partie fictive) au XIXe siècle sud-américain et à l'épopée de Simon Bolivar.

Libertador, d'Alberto Arvelo. En DVD et BluRay, editions Zylo, avril 2016.

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