icone byzantine 1Jésus de Nazareth, qui deviendra Jésus Christ, est certainement la personalité qui a le plus marqué l’Histoire de l'humanité. Agitateur pour les Juifs, prophète 'Issa chez les Musulmans, Fils de Dieu pour les Chrétiens, la religion dont il est à l’origine s’est diffusée dans le monde entier et, dans de nombreux pays, les fêtes liturgiques qui retracent sa vie rythment la vie des sociétés. Figure centrale de la foi chrétienne, le message pacifiste et charitable qu’il apporte imprègne durablement les mentalités. Pourtant la suprématie de son enseignement a tellement retenu l’attention des scribes qu’elle en a éclipsé la vie de Jésus, personnage historique, dont de nombreux passages nous restent obscurs.

 

La vie de Jésus de Nazareth

En parallèle des traditions chrétiennes, l'existence de Jésus (Yehoshuah en araméen) est attestée par des historiens dont Flavius Joseph. Ce prédicateur juif de Galilée se serait rebellé contre les pratiques courantes de la religion juive, ce qui lui vaudra d'être condamné à mort. L'annonce par ses fidèles de sa Résurrection est une des doctrines fondamentales du christianisme : en ressuscitant, Jésus donnait à l’humanité l’espoir d’une vie après la mort dans le Royaume de Dieu. Après sa mort, ses fidèles reçurent le nom de chrétiens et le christianisme devint une religion à vocation missionnaire.

Jsus_2Jésus est né à Bethleem environ cinq à sept années avant note ère de Marie, femme de Joseph, charpentier de profession. Un ange serait venu annoncer à Marie qu’elle portera en elle le fils de Dieu (ce que les Chrétiens appellent l’Annonciation). Alors que Marie est enceinte Joseph doit se rendre à Jérusalem avec sa famille pour être recensé. Quand Marie s’apprête à accoucher ils ne trouvent nul endroit pour se loger et finissent par s’arrêter dans une étable.

Selon les Evangiles, le nouveau né est emmailloté dans une mangeoire, toujours réchauffé par le souffle d’un âne et d’un bœuf. Des anges seraient venus annoncer la nouvelle aux bergers des environs qui seraient alors venus saluer le nouveau né. Les Chrétiens fêtent cet événement, la Nativité, à Noël : n’ayant pas de date écrite dans les Evangiles ils choisirent le solstice d’hiver (alors le 25 Décembre dans l’hémisphère Nord).

Ce choix est symbolique puisqu’à partir du solstice les jours deviennent plus longs, c’est le retour de la lumière, symbole de l’espoir que représente le Christ. Au-dessus de Bethleem serait apparue une étoile qui aurait annoncé la naissance d’un roi juif à trois mages qui font le voyage depuis l’Orient pour apporter des présents. Ils s’adressent à la cour du roi Hérode qui leur demande de revenir le voir quand ils auront trouvé l’enfant roi. Mais après avoir trouvé Jésus ils comprennent les mauvaises intentions du roi Hérode et rentrent par un autre chemin. La venue des rois mages est fêtée par les Chrétiens lors de l’Epiphanie (le 6 Janvier). Par peur que cet enfant roi mette un jour en péril son trône, Hérode ordonne l’exécution de tous les premiers nés mâles, Joseph s’enfuit avec sa famille en Egypte.

A sa naissance Jésus est circoncis, selon la tradition juive. Après la fuite en Egypte la famille rentre à Nazareth.  Les Evangiles évoquent également ses frères et ses sœurs de mais il existe plusieurs interprétations de ces écrits du fait que le terme de « frère » pouvait également être donné à de proches parents comme les cousins. La petite enfance de Jésus reste un mystère, elle fut certainement semblable à celle des autres enfants du même milieu social.

Néanmoins la première manifestation hors-norme de la vie de Jésus se déroule lors d’un pèlerinage à Jérusalem. Joseph et sa famille s’en retournent quand ils s’aperçoivent qu’ils l'ont perdu, alors qu'il a tout juste douze ans. Ils finissent par le retrouver dans le Temple en train de discuter avec les docteurs de la Loi. Pour la première fois il évoque de façon subliminale son lien au Divin quand il répond aux interrogations de ses parents en disant : «ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon père ».

La mission divine de Jésus Christ

Cependant Jésus de Nazareth ne révèle sa véritable mission que lors de son baptême par Jean le Baptiste. Il a alors environ trente ans et Jean aurait tout de suite reconnu qu'il était le Messie que tous attendaient. Jésus insistant il accepte tout de même de le baptiser et alors l’Esprit Saint serait descendu sur Jésus, c’est le véritable début de sa mission. Il se serait alors retiré quarante jours dans le désert pour méditer.

Jsus 7C’est en souvenir de cet événement que durant quarante jours les Chrétiens jeûnent lors du Carême (40 jours avant Pâques, à partir du Mercredi des Cendres). Durant cette période de réflexion le Diable serait venu le tenter pour l’inviter à le rejoindre et à renier Dieu en échange du pouvoir et de la richesse. Ayant résisté à la tentation Jésus met fin à son exil et regroupe autour de lui, en Galilée, une bande de fidèles.

Ces individus rejoignent celui qui se présente comme le "fils de l'homme" pour écouter son enseignement et voir les exorcismes, les guérisons et les miracles qu’il aurait effectué. A chaque fois qu’il enseigne une foule se réunit, mais autour de sa personne gravite en permanence une petite communauté composée d’hommes mais aussi de femmes comme Marie-Madeleine. Parmi ces disciples douze ont un statut particulier, ce sont les douze apôtres qui forment le cercle des plus intimes du Christ. Parmi ces douze apôtres Jésus aurait confié tout particulièrement la poursuite de sa mission à un, Pierre. Le fait est tiré d’une phrase célèbre : «Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Les Papes se considèrent comme les héritiers de Saint-Pierre, mort martyrisé à Rome.

Jsus__6L’enseignement de Jésus remet en cause l’application des rites et des interdits qui définissent la culture juive et qu’il considère le plus souvent comme des faux-semblants, de l’hypocrisie. Son enseignement se veut profondément pacifiste (« Celui qui vit par l'épée, périra par l'épée ») et basé sur le respect et l’amour entre les Hommes qu’il considère comme le seul et unique moyen d’honorer Dieu. Ainsi quand on l’interroge sur le plus important des commandements Jésus synthétise son message :

« Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là».

Sa pensée pousse à rejeter la logique du monde (basée sur l’intérêt, la quête de fortune et de prestige) pour adopter celle de Dieu (basée sur l’amour et le partage). Cette voie peut paraitre dure à ceux qui l’écoutent mais Jésus promet une récompense après la mort pour les bonnes actions menées durant la vie terrestre. L’essence de ce compromis se retrouve dans le discours que l’on appelle les Béatitudes. 

Le message de Jésus pousse à renier les richesses qui tendent à éloigner de Dieu. On le comprend un tel discours rencontre un certain succès auprès des plus humbles alors que l’aristocratie sacerdotale de Jérusalem y voit un danger, critiquée qu’elle est dans ses fondements et ses intérêts économiques. Ignorant le danger il se rend en Judée pour la Pâques et fait son entrée à Jérusalem monté sur une ânesse. Mais sa réputation l’a précédé et les habitants l’acclament, étalant des vêtements et des palmes sous les sabots de sa modeste monture. Cette entrée à Jérusalem est fêtée par les Chrétiens lors du dimanche des Rameaux (qui remplacent les palmes dans nos contrées) une semaine avant Pâques.

Au Temple de Jérusalem il s’emporte face aux nombreux marchands installés dans le lieu saint, entre autres pour vendre des animaux à sacrifier. Il les chasse et s’attire la désapprobation des élites juives. A cette occasion il aurait annoncé de manière subliminale sa mort prochaine et sa résurrection : «Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai ! ». Nul n’aurait alors compris que le Temple dont il parlait était son propre corps.

Les Musulmans croient aussi en la mission Jésus (Issâ), mais contrairement aux Chrétiens ils considèrent qu'il a reçu de Dieu un livre révélé, l'Evangile, aujourd'hui disparu.

La Passion du Christ

 A Jérusalem les autorités religieuses juives veulent s’emparer de l’agitateur. Elles trouvent un traitre au sein même des douze apôtres : Judas. Lors d’un repas avec les douze Jésus révèle sa mort prochaine, dévoile le traitre et l’incite à faire son œuvre. Lors de ce dernier repas, la Cène (commémorée le Jeudi Saint), il rompt le pain qu’il assimile à sa chair et partage le vin qu’il assimile à son sang. Il invite ses fidèles à reproduire ce geste en sa mémoire, ce que les Chrétiens font à chaque messe lors de l’Eucharistie.

Durant la nuit, le Christ et ses onze apôtres se retirent sur le mont des oliviers pour prier. Seul à résister au sommeil, il serait entré en communication avec Dieu, qu’il appelle son Père. Après un moment de doute il aurait fini par accepter sa propre mort pour un dessein plus grand. C’est alors qu’il est arrêté par les soldats guidés par Judas.

Jsus_4Il est alors transféré auprès des autorités juives qui l’accusent d’avoir blasphémé en disant qu’il pouvait reconstruire le Temple en trois jours. La Judée étant sous occupation romaine l’accusé est transféré auprès du préfet Ponce Pilate qui ne trouve pas de motif à sa condamnation. Lors des fêtes juives on avait coutume de libérer un prisonnier, Ponce Pilate propose alors de libérer Jésus mais la foule aurait ordonné qu’on le crucifie et qu’on libère à sa place Barabbas qui pouvait peut-être mieux que Jésus prendre la tête de la lutte contre l’occupant romain.

Pour satisfaire la foule Ponce Pilate se résout alors à condamner Jésus à mort. Ses soldats le fouettent, et le tournent en dérision. L’accusant de s’être déclaré roi des Juifs ils le couvrent d’un manteau pourpre, lui donne un spectre de roseau et lui tressent une couronne d’épines qu’ils enfoncent sur son crâne. Face à la haine, aux moqueries, aux violences, aux crachats, Jésus reste impassible. Il doit ensuite porter sa croix jusqu’au mont Golgotha. Sur le trajet il croise sa mère et tombe à plusieurs reprises (les Chrétiens commémorent chaque étapes de la Passion en suivant un chemin de croix, visible dans toutes les églises).

Un certain Simon de Cyrène aurait été réquisitionné pour l’aider à porter sa croix. Arrivé au sommet Jésus est crucifié avec deux autres condamnés à mort. Sur sa croix est inscrit le motif de la condamnation : « Celui-ci est le roi des Juifs » (on  retrouve l’abréviation INRI sur les crucifix :Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum, c'est à dire "Jésus le Nazaréen, roi des Juifs"). Certains Juifs se seraient offusqués en demandant à ce qu’on écrive « Celui-ci se dit le roi des Juifs » mais Pilate aurait refusé de faire modifier le texte. Sur la croix le Christ aurait confié sa mère Marie à Jean, et leur aurait demandé dès à présent d’entretenir une relation mère/fils.

Par extension les Catholiques considèrent Marie comme leur mère. A la mort de Jésus, un grand orage se serait produit, on parle même d’un tremblement de terre et certains évoquent le rideau du Temple qui se serait déchiré. Pour accélérer la mort les soldats romains brisaient les jambes des crucifiés mais voyant que le supplicié était déjà mort ils se contentent de lui percer le flanc d’un coup de lance. De l’eau et du sang auraient jailli de la plaie. Les Chrétiens commémorent la mort du Christ lors du Vendredi Saint. Les Musulmans quant à eux considèrent que le prophète Jésus (Issâ) ne fut pas crucifié.

Un homme riche attiré par l’enseignement du Christ, Joseph d’Arimathie, obtient de Ponce Pilate de récupérer le corps de Jésus. Il le transporte dans son propre tombeau qui n’avait encore jamais servi. Une pierre fut roulée pour sceller l’entrée du sépulcre.

La Résurrection de Jésus Christ

Trois jours plus tard, après la fête de Pâques, Marie et Marie-Madeleine se rendent au tombeau pour y embaumer le corps. Mais à leur arrivée la pierre est roulée et un ange leur aurait annoncé la Résurrection de Jésus. Les femmes annoncent ainsi la nouvelle aux apôtres qui auraient eux aussi eu l’occasion de le revoir une fois ressuscité. Ainsi si la Pâques juive commémore la sortie d’Egypte du peuple hébreu la Pâques chrétienne quant à elle commémore la résurrection de Jésus. Il s’agit de la plus grande fête pour les Chrétiens.

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Lors des apparitions, le Christ n’est pas reconnaissable physiquement, ainsi sur les chemins d’Emmaüs il discute avec les apôtres sur sa vie et apporte des réponses a sa propre histoire en relisant les Ecritures. Ce n’est que lorsqu’il rompt le pain (comme lors de la Cène) qu’ils le reconnaissant et qu’il disparait. Le départ de Jésus est célébré par les Chrétiens los de la fête de l'Ascension (40 jours après Paques). Les Musulmans sont égallement d'accord sur le fait que Jésus fut élevé auprès de Dieu. Ne sachant comment réagir après le départ de Jésus ressuscité les apôtres se cloitrent dans une maison. Là l’Esprit Saint serait descendu sur eux, leur donnant la capacité et la force d’évangéliser le monde. C’est cet événement que les Chrétiens fêtent lors de la Pentecôte (septième dimanche après Pâques).
 

Pour les Chrétiens Jésus n’est pas qu’un prophète, il est le Fils de Dieu. De même nature que son Père il se serait pourtant parfaitement incarné dans la nature humaine. Il est censé revenir à la fin des temps, lors de l’Apocalypse, pour juger les vivants et les morts.

Les débuts du Christianisme

Suivant l’enseignement de Jésus des communautés se regroupent, basées entre autres sur le partage des richesses. Des disciples du Christ partent convertir toujours plus de fidèles aux quatre coins de l'Empire romain. Parmi  les plus acharnés il y eut Saint-Paul. Ce dernier fut pourtant un des plus grands persécuteurs de Chrétiens, mais une apparition aurait entrainé le tournant capital de sa vie. Vers la fin du premier siècle la vie et le message de Jésus sont fixés par écrit dans les Evangiles. Les Evangiles retenues par les Eglises Chrétiennes sont attribuées à Jean, qui fut l'un des douze apôtres,  et des auteurs qui côtoyèrent les témoins comme Mathieu, Marc  et Luc. Les autres écrits, non reconnus par les Eglises chrétiennes, sont appelés apocryphes. Ils alimentent cependant une certaine tradition et un folklore dont sont par exemple issus les noms des rois mages et l’histoire des parents de Marie.

developpement christianisme carteAu premier siècle l’historien romain Flavius Josèphe atteste de la présence des communautés chrétiennes dans son Testimonium Flavianum :

« En ce temps-là paraît Jésus, un homme sage, [si toutefois il faut l'appeler un homme, car] ; c'était un faiseur de prodiges, un maître des gens qui recevaient avec joie la vérité. Il entraîna beaucoup de Juifs et aussi beaucoup de Grecs ; Celui-là était le Christ. Et quand Pilate, sur la dénonciation des premiers parmi nous le condamna à la croix, ceux qui l'avaient aimé précédemment ne cessèrent pas. [Car il leur apparut après le troisième jour, vivant à nouveau ; les prophètes divins avaient dit ces choses et dix mille autres merveilles à son sujet]. Jusqu'à maintenant encore, le groupe des Chrétiens [ainsi nommé après lui] n'a pas disparu. » 

Au Ier siècle de notre ère, le christianisme, parti de Jérusalem, a rayonné en Palestine, en Syrie, en Asie Mineure, en Grèce, à Alexandrie et à Rome ; il s’est répandu dans certaines villes nord-africaines au siècle suivant. Par la suite, des personnalités, comme Colomba en Écosse ou Boniface en Germanie, ont activement participé à l’évangélisation des peuples qu’ils ont rencontrés.

A l'origine, les chrétiens ont pour chefs religieux cinq patriarches, qui sont les évêques des cinq diocèses principaux : Rome, Alexandrie, Antioche, Constantinople et Jérusalem. Mais très vite, l’évêque de Rome (le futur pape) affirmera sa supériorité sur les autres patriarches.

Devenue religion officielle de l'Empire romain au IVe siècle, le christianisme se développe rapidement et rassemble de nos jours plus de deux milliards de croyants.

Pour aller plus loin sur l'histoire de Jésus

Vie et destin de Jésus de Nazareth, de Daniel Marguerat. Points histoire, 2021.

Jésus - Approche historique, de José Antonio Pagola. Lexio, 2019.

- Jésus: dictionnaire historique des évangiles, de Marie-Françoise Baslez. Texto, 2020.

- Jésus Christ au fil des siècles, de Michel Fedou. Editions du Cerf, 2019.

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