Histoire de l’Écosse, des origines à nos jours

Histoire par Pays | Tous les Pays

Par le

L’histoire de l’Écosse, c’est avant tout celle d’un pays marqué par une rivalité presque continue avec l’Angleterre. C’est celle d’un peuple qui brandit en héros William Wallace et Robert Bruce, le célèbre « Braveheart », qui ont lutté contre l’oppression anglaise au cours de sanglantes batailles. C’est celle, aussi, de Marie Stuart, reine de France et d’Écosse au destin tragique ; celle encore des théoriciens des Lumières et des grands inventeurs aux XVIIIe et XIXe siècles. Des terres sauvages des Highlands à Glasgow l’industrielle, de la distinguée ville d’Édimbourg aux îles sauvages du nord, l’Écosse nous offre une histoire plurielle passionnante.

 

L'Écosse, d’un peuplement à l’autre

L’histoire de l’Écosse débute véritablement au Ier siècle av. J.-C., lorsque des tribus celtes venues de Rhénanie et d’Irlande s’installent sur le territoire. Elles opposeront une résistance farouche aux Romains. Ces derniers, après avoir annexé la Britannia (Angleterre), poursuivent leur conquête plus au nord et arrivent en terres écossaises en 78 ap. J.-C. Les légions romaines y resteront un siècle, sans toutefois atteindre la région des Highlands ni parvenir à soumettre les habitants, qu’ils appellent Picts (« hommes peints »). Ces derniers acquièrent ainsi la réputation d’un peuple guerrier. D’ailleurs, afin de protéger la Britannia des incursions celtes, 2 murs sont érigés :
- le mur d’Hadrien, d’une longueur de près de 120 km entre les côtes ouest et est, qui marque la frontière entre la Britannia et la Caledonia ;
- le mur d’Antonin, plus au nord que le mur d’Hadrien, bâti entre la rivière Forth à l’est et la rivière Clyde à l’ouest.

Après le départ des Romains au IVe siècle, les Picts s’unifient et dominent le nord-est de l’Écosse. D’autres peuplements suivent. Les Scots, celtes chrétiens originaires d’Irlande, arrivent par l’ouest avec leur culture et leur langue, le gaélique, qui vont peu à peu s’étendre dans le royaume d’Alba (nom gaélique de l’Écosse). Les Brittons s’installent au sud-ouest et les Angles au sud-est. En parallèle, les missionnaires chrétiens évangélisent les populations et toute l’Écosse est christianisée dès la fin du 7e siècle.

Mais une menace guette : les Vikings multiplient les raids à partir de 794, jusqu’à se rendre maîtres des îles (Shetland, Orcades, Hébrides) et de la côte nord. Pour résister à leur avancée, Picts et Scots s’unissent. C’est le début d’une lente unification du pays. Au XIe siècle, le royaume prend le nom de Scotland, le « pays des Scots ». Toutefois, dans la partie septentrionale du territoire, les Scandinaves ne se retirent qu’à partir du 13e siècle. L’occupation prendra complètement fin en 1469 avec l’intégration dans l’Écosse des Shetland et des Orcades.

Des liens complexes tissés avec l’Angleterre

Plusieurs rois se succèdent à la tête du nouveau royaume. Parmi eux, le célèbre Macbeth, qui tue Duncan Ier pour accéder au trône en 1040 puis est assassiné, après 17 ans de règne, par le fils de Duncan. Ce dernier règne sous le nom de Malcolm III de 1058 à 1093. Cette époque marque le début d’une relation complexe avec l’Angleterre. D’un côté, le roi multiplie les incursions en Angleterre afin d’étendre le territoire de l’Écosse, une entreprise qui échouera malgré cinq tentatives. De l’autre, il gouverne sous l’influence de son épouse Margaret, une Anglo-saxonne exilée : la cour adopte la langue anglaise et l’Église est réformée pour être pleinement intégrée à l’Église catholique. La reine accueille également nombre de nobles fuyant l’Angleterre en raison de la conquête normande.

Leur fils David, propriétaire de vastes domaines en Angleterre et bien connu à la cour, introduit en Écosse le système féodal à l’anglaise durant son règne, de 1124 à 1153. Anglais, mais aussi Français et Normands, se voient offrir terres et pouvoirs, en échange de quoi ils doivent jurer de leur loyauté envers la couronne écossaise. Le conflit avec l’Angleterre reste toutefois endémique. Il atteindra son paroxysme en 1174, lorsque le roi Guillaume Ier est capturé et se voit contraint d’accepter la mainmise anglaise sur son royaume. Celle-ci durera une quinzaine d’années. Les deux pays connaissent ensuite une période de paix, qui durera presque un siècle. En 1237, le traité d’York établit la frontière anglo-écossaise actuelle alors qu’en 1251, les deux pays se lient par le mariage du roi d’Écosse Alexandre III avec la soeur du roi d’Angleterre.

Les guerres d’indépendance et la Auld Alliance

C’est une crise dynastique qui va mettre fin à l’âge d’or de l’Écosse médiévale. À la mort d’Alexandre en 1286, la couronne revient à sa petite-fille Margaret. Celle-ci meurt prématurément quatre ans plus tard, ne laissant aucun héritier. Les prétendants au trône ne manquent pas… La situation devient vite inextricable, si bien que le choix du nouveau souverain écossais est laissé entre les mains du roi d’Angleterre Édouard Ier. Il désigne John Balliol et force ce dernier à accepter la suzeraineté de l’Angleterre. Très vite, Balliol se rebelle et cherche l’appui de la France, avec qui il espère faire front commun contre l’Angleterre. C’est la naissance de l’Auld Alliance (« Vieille Alliance »), qui régira la « politique étrangère » de l’Écosse durant 250 ans. Les conséquences ne se font pas attendre : le roi d’Angleterre chasse Balliol du trône et, dès 1296, les Anglais deviennent militairement et politiquement maîtres de l’Écosse.

Surgi de l’ouest du pays, un obscur chevalier élevé aujourd’hui au rang de légende, William Wallace, prend la tête de la lutte contre les occupants. Il gagne la bataille de Stirling en 1297 puis subit une défaite qui le contraint à se cacher durant sept ans. Trahi, il est capturé puis exécuté par les Anglais à Londres. Entre alors en scène le non moins célèbre Robert Bruce, « Braveheart », descendant d’une riche famille normande. Il se proclame roi et profite de la mort accidentelle d’Édouard Ier pour repousser les Anglais hors des frontières écossaises. La victoire de Bannockburn, en 1314, la plus célèbre de l’histoire du pays, met un terme - temporairement - aux grandes offensives contre les Anglais.

Le conflit restera toutefois endémique jusqu’en 1357 et la signature du traité de Berwick, qui met officiellement fin aux guerres d’indépendance. En parallèle, les nobles écossais adressent au pape la « Déclaration d’Arbroath », par laquelle ils lui demandent de reconnaître l’indépendance de l’Écosse et son roi Robert Bruce. La réponse du souverain pontife - favorable - leur parvient en 1328. Le 6 avril, jour de la signature de la déclaration, est devenu le Tartan Day (« Jour du Tartan »), fêté chaque année à travers le monde. Il célèbre l’esprit d’indépendance des Écossais, où qu’ils se trouvent.

La dynastie des Stuart : l’impossible paix avec l’Angleterre

En 1371, la couronne passe de la famille des Bruce à celle des Stuart. C’est le début d’une nouvelle dynastie, qui va régner pendant 300 ans. Édimbourg, cité commerciale prospère située sur la côte est, devient la capitale administrative et politique sous Jacques II. Parmi les membres de la famille royale, citons également Jacques IV, souverain de 1488 à 1513. Prince de la Renaissance, il finance les arts, l’éducation et s’intéresse de près aux recherches scientifiques. Figure emblématique de la culture écossaise, il est également connu pour être l’une des premières personnalités à boire du whisky. Jacques IV introduit le golf et promeut la pratique du football.

Sur le plan politique, Écosse et Angleterre se retrouvent à nouveau dans une situation intenable. Côté pile : Jacques IV se marie avec Margaret Tudor, la soeur du futur Henri VIII d’Angleterre, en 1503. Ce mariage « de la rose et du chardon » rapproche les deux royaumes tout en ouvrant des droits sur la couronne anglaise à la dynastie Stuart. Côté face : l’Écosse est toujours liée à la France en vertu de la Vieille Alliance. Conséquence : Jacques IV prend les armes contre son beau-frère en 1513. Une initiative qui se solde par un bain de sang et une grave défaite côté écossais à Flodden : le souverain ainsi que la plupart des nobles écossais sont tués.

La bataille de Flodden sonne-t-elle le glas de l’Auld Alliance ? Absolument pas ! Celle-ci va même se renforcer : les Stuart vont s’unir à la famille la plus puissante de France, les Guise, avec le mariage de Jacques V et Marie de Guise en 1538. Cette dernière mettra au monde Marie, qui sera très tôt promise à François, héritier du trône de France. Cette union doit constituer le point culminant de la Vieille Alliance, mais l’histoire en décidera autrement…

Le destin tragique de Marie Stuart

Deux fois reines, Marie Stuart connaît un destin où se mêlent passion, trahison et scandale. Les désillusions s’enchaînent et le sang coule... Il n’est pas surprenant que ce personnage hors norme de l’histoire écossaise fasse aujourd’hui l’objet de films à succès ! Marie devient reine d’Écosse une semaine après sa naissance, lorsque son père trouve la mort lors d’une (énième) bataille contre les Anglais. Sa mère, la catholique Marie de Guise, assure la régence. À l’âge de 6 ans, Marie est envoyée en France, pays où elle grandit et épouse, comme prévu, le futur François II. Les événements vont alors se précipiter. Deux ans après son couronnement, François meurt. En 1561, Marie a 19 ans et se voit contrainte de rentrer en Écosse, qu’en réalité elle ne connaît pas et où elle n’est pas la bienvenue. Une partie des nobles s’est dressée contre la présence française.

Élevée dans la religion catholique, elle découvre de plus un pays qui a basculé dans le protestantisme à la faveur de la Réforme. La religion catholique est même abolie. L’Écosse voit l’instauration d’une Église réformée, dite presbytérienne, que Marie Stuart est obligée de reconnaître. Elle jouit de plus d’une position gênante aux yeux d’Élisabeth Ire, la reine d’Angleterre. Élisabeth est la dernière représentante de la lignée des Tudor, ce qui laisse le champ libre aux Stuart pour accéder au trône. Autrement dit : Marie est l’héritière de la couronne anglaise.

Après la mort de François II, la reine d’Écosse se mariera deux autres fois, chaque union tournant au désastre. On la dit même impliquée dans le meurtre de son second mari, un meurtre fomenté par son dernier époux, l’aventurier Jacques Hepburn. Elle doit abdiquer en 1567. À 25 ans, Marie Stuart, ancienne reine de France et d’Écosse, se retrouve emprisonnée au château de Loch Leven. Elle parviendra à s’en échapper. Acculée, elle fuit son pays et se réfugie auprès de sa cousine Élisabeth Ire. Marie vivra en semi-captivité jusqu’à sa mort en 1587. Élisabeth, accusant sa rivale de comploter contre l’Angleterre, la fera décapiter.

L’union des couronnes d’Écosse et d’Angleterre

Avec la mort de Marie Stuart s’ouvre une nouveau chapitre, marqué par l’union des couronnes d’Écosse et d’Angleterre. Son fils Jacques hérite des deux trônes et se donne le titre de Jacques Ier de Grande-Bretagne et d’Irlande. Le souverain s’installe à Londres et, comme ce sera le cas pour son successeur Charles Ier, ne porte que peu d’intérêt à l’Écosse. Les hostilités reprennent pourtant dès 1639, en raison de profondes divisions religieuses. Si l’Église presbytérienne écossaise et l’Église d’Angleterre sont toutes deux protestantes, des règles que tout oppose les régissent. La première refuse aussi bien l’autorité royale que celle des évêques.

L’épiscopat, au contraire, structure l’organisation de l’Église anglicane, dont le roi occupe l’autorité suprême. L’affrontement est inévitable. En 1638, devant les velléités de Charles Ier de s’imposer à la tête de l’Église réformée écossaise et de réintroduire les évêques, les Presbytériens s’unissent. Ils rédigent dans une église d’Édimbourg un document réaffirmant leurs principes : le National Covenant, qu’ils seront 300 000 à signer. Les Covenanters lèvent une armée et pénètrent en Angleterre. Charles Ier recule.

La République éphémère d’Oliver Cromwell

La Grande-Bretagne bascule dans une guerre civile, où chaque camp se déclare pour ou contre le roi. Les Covenanters s’allient aux parlementaires anglais. Une alliance scellée par la « Ligue Solennelle et du Covenant », un document promettant l’instauration de l’Église presbytérienne en Angleterre en échange du soutien militaire écossais pour renverser le roi. L’entreprise semble dans un premier temps réussir : en 1646, le roi est battu et remis entre les mains de ses opposants en Angleterre. Charles Ier est exécuté en 1649.

Sous l’égide d’Oliver Cromwell, la monarchie est abolie, laissant place à un Commonwealth, une forme de gouvernement proche de la République. Les Écossais réalisent alors que l’Angleterre n’adoptera jamais le presbytérianisme et se rangent du côté de Charles, le fils du roi exécuté. Ils lui proposent le trône en échange de quoi il doit accepter de soutenir les Covenanters. Cromwell réagit en envoyant ses troupes en Écosse. Celles-ci remportent une victoire décisive à Dunbar en 1650. Après 11 années de conflit, l’Écosse intègre pleinement le Commonwealth et n’a plus de Parlement.

La restauration des Stuart et la Glorieuse révolution

À la mort de Cromwell en 1658, les événements se précipitent. C’est déjà la fin du Commonwealth ; Écosse et Angleterre redeviennent des royaumes séparés avec un seul et même roi à leur tête. Ce roi, c’est Charles II, qui va vite revenir sur la promesse faite aux Covenanters. Non seulement le souverain restaure l’épiscopat mais il va également organiser la répression des Presbytériens. La persécution se fera plus brutale encore sous Jacques VII d’Écosse (Jacques II d’Angleterre), son successeur et dernier roi catholique Stuart. En 1688, Guillaume d’Orange vient à la rescousse des lords protestants et mène la Glorieuse révolution. Il dépose Charles II, son oncle, puis monte sur le trône après avoir signé une Déclaration des droits, document fondateur de la monarchie constitutionnelle anglaise.

Le massacre de Glencoe

L’Église d’Écosse est ensuite reconnue comme indépendante. La répression change alors de camp : ce sont cette fois les Jacobites qui en sont les victimes (c’est-à-dire les fidèles du roi Jacques). Dans ce contexte intervient un événement dramatique qui a laissé une trace indélébile dans l’histoire des Highlands : le massacre de Glencoe. Highlands au nord et Lowlands au sud sont en tout point opposés. Les grandes villes, la vie politique et le commerce se concentrent dans les basses terres, avec Glasgow et surtout Édimbourg comme points d’ancrage. Dans les hautes terres rurales, où l’on parle majoritairement le gaélique, le pouvoir est détenu par de puissantes familles, organisées en clans. En 1692, la rivalité des MacDonald et des Campbell, les deux clans dominants, atteint son paroxysme sur fond de division face au mouvement jacobite. Les troupes des Campbell, agissant sur ordre du gouvernement, tuent 38 membres de la famille MacDonald, chez ces derniers, après avoir accepté leur hospitalité.

L’Acte d’Union ou la fin de l’indépendance écossaise

La reine Anne - qui succède à Guillaume d’Orange - n’a pas d’enfant. Les Anglais profitent alors de la faiblesse de l’Écosse, presque ruinée après avoir tenté vainement de fonder une colonie dans l’isthme du Panama, et leur soumettent une offre : le Parlement anglais choisit le nouveau roi, en l’occurrence une nouvelle reine (Sophie de Hanovre), en échange de quoi des avantages commerciaux seront accordés aux Écossais. Cet accord est soumis à une condition : l’Écosse doit renoncer à son indépendance. Les négociations pour l’union des Parlements anglais et écossais durent 5 ans. Elles aboutissent en 1707. Le 1er mai, les Écossais se réveillent citoyens britanniques. Par l’Acte d’Union, tous les pouvoirs sont transférés au Parlement de Londres. Les Parlementaires écossais quittent donc Édimbourg pour gagner la capitale anglaise. L’Écosse demeure toutefois maître de son destin dans certains domaines comme la religion, la justice et l’enseignement.

Les conséquences politiques ne tardent pas à se faire sentir. L’Acte d’Union déclenche les soulèvements jacobites : des offensives sont lancées dans le but d’un retour des Stuart catholiques. Parmi ces derniers, la figure de Charles-Edouard Stuart domine. Brave et téméraire, « Bonnie Prince Charlie » (« Gentil Prince Charlie ») parvient à soulever une armée et à remporter plusieurs victoires. Ses ambitions trouvent toutefois une fin tragique en 1746 à Culloden, près d’Inverness, où ses hommes trouvent la mort sous les assauts des troupes britanniques, au sein desquels se battent nombre d’Écossais. Dans les Highlands, où de nombreuses familles ont soutenu la cause jacobite, la structure économique et sociale s’effondre. Le gouvernement prend en effet une décision radicale : il fait démanteler les clans. En outre, le port du kilt est interdit de même que l’usage du gaélique.

L’envolée économique des Lowlands et les Lumières écossaises

Au destin funeste des Highlands fait écho l’essor économique éclatant des Lowlands, en particulier celui de la région de Glasgow. L’Acte d’Union est une aubaine sur le plan commercial : le pouvoir central ouvre les portes de l’Empire britannique aux commerçants écossais. Idéalement située sur la côte ouest, Glasgow fait fortune en quelques dizaines d’années grâce au négoce du tabac, du coton et du sucre. Plus largement, de nombreux Écossais, attirés par ces nouveaux horizons, partent faire fortune ou se font explorateurs et missionnaires. Parmi ces derniers, citons David Livingstone, qui parcourt le sud de l’Afrique pendant plus de 30 ans.

Le développement du grand commerce s’inscrit dans une période de bouleversement intellectuel. À partir des années 1730/1740 et pendant un siècle, l’Écosse apporte en effet une contribution brillante au mouvement des Lumières. Ses points d’ancrage ? Les quatre universités - Saint-Andrews, Glasgow, Édimbourg et Aberdeen - qui comptent parmi les plus anciennes et les plus réputées du monde occidental. Une nouvelle approche de la pensée, fondée sur la raison et la réflexion critique, renouvelle les théories dans de nombreux domaines tout en conduisant à de nombreuses innovations techniques.

Le philosophe David Hume, dans son Traité de la nature humaine, rejette la croyance et prône un débat intellectuel rigoureux sur tous les aspects de la vie. Sur le plan scientifique, James Hutton est reconnu comme le père de la géologie et Joseph Black découvre le dioxyde de carbone. L’économiste Adam Smith, marqué par l’expansion économique de Glasgow, théorise le libéralisme dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations.

Les temps modernes : l’Écosse, terre d’innovations

L’Écosse est une terre d’innovations, résultat d’un enseignement d’excellence et de la fibre créatrice de ses ingénieurs et scientifiques. Celles-ci contribueront pour une large-part à la naissance et l’épanouissement de la Révolution industrielle. Citons quelques inventions et découvertes emblématiques :
- James Watt met au point la machine à vapeur à l’université de Glasgow en 1769 ;
- John McAdam invente le revêtement des chaussées qui porte son nom dans les années 1820 ;
- James Nasmyth invente le marteau-pilon, soit la 1re machine-outil, en 1839 ;
- Graham Bell met au point le téléphone en 1876 ;
- John Boyd Dunlop invente le pneu en 1888 ;
- John Logie Baird crée la première télévision en 1926.

L’un des grands noms de l’époque est James Clerk Maxwell. Le physicien édimbourgeois a notamment travaillé sur les champs électriques et magnétiques. Peu connu du grand public, Maxwell a pourtant légué à la science un héritage jugé aussi décisif que celui d’Albert Einstein ou d’Isaac Newton. C’est également lui qui, en 1861, est l’auteur de la 1re photo en vraies couleurs. Le sujet ? Un ruban en tartan !
Glasgow l’industrielle

Alors qu’Édimbourg, la capitale du pays, s’érige en centre intellectuel et culturel de premier plan, Glasgow se mue en cité industrielle. La région devient l’un des moteurs de la Révolution industrielle grâce à la mécanisation des filatures, que la machine à vapeur, mise au point à l’Université de Glasgow, va équiper à partir des années 1770. On approfondit le fleuve, la Clyde, afin de pouvoir accueillir plus de bateaux. La croissance économique explose, de même que le nombre d’habitants. Entre 1800 et 1850, la population est multipliée par trois ; en 1880, Glasgow est la 6e ville la plus peuplée du monde, avec 587 000 habitants. Au XIXe siècle, elle acquiert le statut de « deuxième cité de l’Empire ».

L’industrie lourde a pris le relai du textile : la construction navale constitue jusqu’aux années 1920 l’un des principaux piliers de l’économie glaswégienne. De ses chantiers sortent les plus célèbres paquebots du monde, comme le Cutty Sark, le Queen Elizabeth et le Queen Elizabeth II. Si l’économie est florissante, de nombreux quartiers s’enfoncent pourtant dans la misère sociale. La ville ne peut contenir l’afflux de main-d’oeuvre. Les nouveaux venus s’entassent dans des taudis et connaissent des conditions de vie effroyables. En 1911, le nombre d’habitants dépasse le million. Parmi eux, des Irlandais fuyant la famine et les paysans des Highlands chassés de leurs terres.

Les Highland Clearances

De la fin du XVIIIe siècle jusqu’au milieu du siècle suivant sévissent les Highland Clearances (« Nettoyage des Highlands »). Les populations, appauvries et ne bénéficiant plus de la protection des clans, sont condamnées à quitter leur territoire lorsque l’agriculture traditionnelle disparaît au profit de l’élevage extensif du mouton à laine. Peu à peu, les hautes terres se vident. Dans le même temps, la région se pare d’une aura romantique : on vient pêcher et chasser au coeur de ses paysages, aussi splendides que désolés. La culture celtique renaît de ses cendres. L’écrivain Walter Scott joue un rôle notable en la matière. Lors de la réception du roi Georges IV à Édimbourg en 1822, il force ce dernier à revêtir un kilt. En 1852, le prince Albert acquiert le château de Balmoral près d’Aberdeen, qui deviendra la résidence d’été du couple royal.

Au XIXe siècle, l’Écosse connaît donc une transformation en profondeur avec le doublement de sa population, l’industrialisation et l’urbanisation des Lowlands ainsi que la quasi-désertification des Highlands.

La résurgence du désir d’indépendance

La Première Guerre mondiale marque une nouvelle rupture dans l’histoire du pays. 220 000 Écossais y perdent la vie ou sont blessés : aucun autre conflit n’a fait et ne fera autant de victimes. Sur le plan économique, l’effort de guerre permet à l’industrie d’augmenter encore sa production. Un âge d’or qui prendra fin dès l’arrêt des hostilités, laissant place à la lente agonie d’un secteur dont la santé économique des Lowlands, en particulier de Glasgow, reste particulièrement dépendante. Les difficultés qui se profilent font émerger des mouvements sociaux ainsi qu’une classe ouvrière plus politisée. En 1919, le gouvernement envoie l’armée sur la place George Square, au centre de Glasgow, afin de disperser une manifestation communiste. La « Clyde rouge » restera aux avant-postes de la contestation politique jusque dans les années 1970. C’est ensuite le SNP (Parti national écossais) qui gagnera du terrain, à la faveur de la grave crise économique et sociale engendrée par la désindustrialisation.

La crise épargne une région toutefois… En 1969, pétrole et gaz sont découverts en mer du Nord. La production de l’or noir, à partir de 1975, bénéficie en particulier à la ville d’Aberdeen et à sa région, qui jouissent d’une nouvelle prospérité. En dix ans, la Grande-Bretagne se retrouve propulsée à la 5e place mondiale des pays producteurs de pétrole. Aujourd’hui encore, ce dernier occupe une place notable dans l’économie britannique. Cette découverte va également contribuer à faire resurgir l’idée d’une Écosse indépendante.

Le Parlement écossais est rétabli en 1999 et s’installe à Édimbourg. Le SNP continue de progresser jusqu’à obtenir la majorité absolue aux élections parlementaires de 2011. 3 ans plus tard, un référendum sur l’indépendance est organisé. 85% des électeurs se présentent aux urnes. Le camp du « non » l’emporte avec 55% des voix. La question de l’indépendance reste toutefois plus que jamais d’actualité. En cause ? Le Brexit, un point de discorde majeur avec les Anglais. Lors du référendum de 2016, 62% des électeurs écossais ont en effet voté pour rester au sein de l’Union européenne. Le 29 janvier 2020, la veille de leur départ du Parlement européen, les députés britanniques entonnent dans l’hémicycle le Auld Lang Syne, un chant écossais, dont le titre signifie « ce n’est qu’un au revoir »…

Dans cette période troublée, l’Écosse semble à la croisée des chemins : se dirige-t-elle vers l’indépendance ou restera-t-elle définitivement rattachée à l’Angleterre au sein de la Grande-Bretagne ? Cette question se pose en 2020 comme elle s’est posée à de nombreuses reprises au cours des siècles précédents, devenant l’un des marqueurs essentiels de l’histoire du pays. 

Bibliographie sélective

Histoire de l'Ecosse : Des origines à nos jours, de Michel Duchein. Texto, 2020.

L'Ecosse des lumières : Hume, Smith, Ferguson, de Norbert Waszek. PUF, 2003.

Les Pictes : A l'origine de l'Ecosse, de Frédéric Kurzawa. Enbanner, 2018.

- Scottish History, HarperCollins Publishers, 2017

- Écosse, Encyclopédies du voyage, Gallimard, 2016

 

Poursuivez votre lecture avec nos autres articles sur le même thème