vercingetorix statueVercingétorix (72-46 avant notre ère) était un aristocrate gaulois et chef de la tribu des Arvernes. A la tête d'une coalition de peuples gaulois, il tient tête aux armées romaines avant de devoir capituler lors du siège d’Alésia. Vercingétorix, vaincu par César, incarne presqu’à lui tout seul un mythe national remontant aux « Gaulois », un symbole de résistance et de caractère face à l’occupant. Mais mythe est bien le mot, puisque Vercingétorix a en partie été « construit » depuis deux siècles par les politiques et certains historiens pour servir de base à un roman national. En effet, on sait finalement peu de choses sur lui, et faire sa biographie a longtemps été une gageure pour les spécialistes.

 

Le problème des sources

Le premier problème de tout historien concerne les sources disponibles pour parler de son sujet. En ce qui concerne Vercingétorix, c’est un problème majeur. En effet, une grande partie de ces sources sont d’origine latine (certains diront « ennemies »), et la grosse part est représentée par « La guerre des Gaules».

Cet ouvrage est rédigé par Jules César, le principal adversaire du chef gaulois. Mais les historiens disposent heureusement d’autres matières : l’archéologie et les monnaies, qui permettent d’éclairer d’un nouveau jour certains aspects du personnage et surtout de son époque, indispensables pour comprendre son rôle et ses actions.

Qui est Vercingétorix ?

On a pour image essentielle de Vercingétorix la célèbre statue d’Alise Sainte-Reine, qui est en fait inspirée de celui qui l’a commandée, Napoléon III, l’un des grands artisans de la mythification du chef gaulois. Les sources, comme les monnaies, n’aident pas beaucoup à savoir à quoi il ressemblait ; on peut finalement dire qu’il était sûrement glabre, ce qui tranche avec la légende des Gaulois barbus et chevelus, un peu hirsutes…

carte peuples gauleLe nom est plus important ; les débats ont été nombreux, mais il en ressort que l’on peut découper le patronyme en plusieurs parties : « ouer », qui signifierait « super » ; « kinguès », pour « héros » ou « guerrier » ; et surtout « riks », pour « roi ». Ce qui donnerait à peu près « roi suprême des guerriers », soit plus un titre qu’un nom finalement.

Les origines familiales de Vercingétorix sont plus intéressantes : il serait le fils de Celtill, un grand chef arverne ayant eu des velléités royales qui l’auraient conduit à être assassiné par son entourage. Il est plus difficile de savoir son lieu de naissance et surtout sa date. Il semble en effet, selon les sources, avoir été assez jeune pendant les événements qui l’ont rendu célèbre. César lui-même emploie le terme vague d’adulescens, ce qui peut laisser entendre que Vercingétorix avait sans doute moins de trente ans et qu’il n’avait pas exercé de charges politiques, en tout cas dans le sens que l’entendaient les Romains.

Pour le reste, il est bien impossible de savoir ce qu’a été la vie de Vercingétorix avant sa rencontre avec Rome, et surtout avec Jules César.

La guerre des Gaules

Un des grands débats qui a secoué l’historiographie des Gaules est la relation entre César et Vercingétorix. Ce dernier connaissait-il le proconsul romain avant de le combattre ; voire, avait-il combattu sous ses ordres ? Certaines sources latines considèrent Vercingétorix comme un traître et ses actions (militaires et politiques) laissent à penser qu’il se serait inspiré du Romain en étant à son contact. On peut donc avancer le fait que Vercingétorix a probablement servi les légions de César dans les débuts de la guerre des Gaules, dans le contingent arverne, comme l’ont fait d’autres chefs gaulois plus tard révoltés (chez les Eduens par exemple).

Nous n’allons pas ici revenir sur le déroulement de la guerre des Gaules jusqu’à l’année 53, mais nous concentrer sur l’entrée en lice de Vercingétorix durant l’année décisive 52. Jules César n’a pas vu venir, semble-t-il, le soulèvement général qui menace dès la fin de l’année 53, un soulèvement organisé par plusieurs chefs de tribus gauloises, dont Vercingétorix l’Arverne. Celui-ci organise un coup d’Etat contre son oncle, selon César, et est élu roi par ses partisans en pays arverne, avant d’être rejoint par d’autres peuples comme les Sénons, les Parisii et les peuples de l’Ouest, qui lui confient bientôt le commandement suprême. On ne sait pas grand-chose finalement, voire rien, des circonstances de cette arrivée au pouvoir de Vercingétorix, et surtout de ce qui s’est passé entre son service comme allié des légions et le soulèvement de 53-52.

julesesarPour la suite de la guerre des Gaules, la source principale étant toujours César, il faut évidemment la prendre avec recul. On peut remarquer l’opposition de deux armées très différentes, les légions très organisées d’un côté et des contingents épars de l’autre, dont l’élite serait la cavalerie des nobles Gaulois. Mais il faut aussi noter l’habileté de Vercingétorix, qui continue la diplomatie tout en recrutant de nouvelles troupes, et sa capacité à surprendre son adversaire. Ce dernier lance une contre-offensive qui conduit à des sièges très durs, comme celui d' Avaricum (Bourges). Malgré la perte de cette cité, Vercingétorix peut espérer encore grâce au ralliement de nouveaux peuples, dont les plus fidèles alliés de Rome jusque là, les Eduens. Surtout, il parvient à faire reculer les légions de César en -52 à Gergovie…

C’est dans la capitale des Eduens, Bibracte, que Vercingétorix est confirmé comme chef suprême de l’insurrection.  Le chef de guerre arverne continue alors sa guerre de harcèlement et sa politique de la terre brûlée, tout en évitant toujours les batailles rangées contre des légions bien mieux entraînées sur ce terrain. Pendant ce temps, César n’hésite pas à faire appel aux Germains, alors que l’une des raisons évoquées pour son intervention en Gaule était de la défendre contre ces derniers. C’est semble-t-il en partie grâce aux cavaliers germains que César remporte une bataille de cavalerie face aux Gaulois courant août 52 av J.C. Vercingétorix est conduit à s’installer dans l’oppidum d’Alésia…

La reddition de Vercingétorix et sa mort

redition vercingetorix cesarLe siège d’Alésia par l'armée romaine est très connu, par les sources comme « La guerre des Gaules » de César, mais aussi par l’archéologie. Il semblerait en effet que le débat soit clos, et que le site de la bataille soit bien celui d’Alise Sainte-Reine. 

Il est souvent reproché à Vercingétorix de s’être laissé enfermer dans cet oppidum, mais on ne peut pourtant pas remettre en cause ses qualités de général et expliquer sa défaite par des erreurs stratégiques majeures, dont ce repli à Alésia. Il est probable que le chef gaulois ait cherché à renouveler la tactique appliquée quelques mois plus tôt avec succès lors du siège de Gergovie (région de Clermont Ferrand). Mais cette fois ci, César a retenu la leçon et ses légions romaines ont ceinturé Alésia d'un double système de fortifications. L'armée de secours composée de nombreux peuples gaulois arrivée fin septembre 52 s'y casse les dents. N'ayant pas les moyens de soutenir plus longtemps le siège, Vercingétorix n'a d'autre choix que de se rendre.

La reddition est relatée par trois auteurs antiques, Plutarque, Florus et Dion Cassius mais on ne peut les considérer comme fidèles à ce qui s’est réellement passé, et pas seulement à cause de l’origine des auteurs. La scène, maintes fois reprise plus tard, est évidemment idéalisée. La réalité est probablement bien plus « banale », même si les détails nous échappent…

Il en va de même pour la suite, qui démythifie un peu plus le personnage de Vercingétorix. On ne sait guère comme celui-ci est traité par César une fois fait prisonnier. On sait seulement qu’il est emmené à Rome avec d’autres captifs, présenté bien plus tard, en 46, lors du triomphe de César, puis exécuté peu après. Ce sont probablement ces mystères et ces zones d’ombre qui ont permis par la suite de construire le mythe Vercingétorix, encore vivace aujourd’hui malgré les travaux des historiens. Après cette ultime résistance, la Gaule deviendra une province romaine très prospère, pièce maitresse du futur empire romain.

Bibliographie

- Vercingétorix, de Jean-Louis Brunaux. Gallimard, 2018.

- Vercingétorix: Celui qui fit trembler César, de Danielle Porte. Ellipses, 2022.

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