40ans fmDepuis le début des années 80, la radio FM a eu le temps de s’imposer, de conquérir toutes les couches de la population, d’évoluer en qualité, de cibler ses auditeurs, de trouver son rythme, de s’imposer dans les habitudes des consommateurs, et bien-entendu de bétonner son modèle économique. De nos jours, rien de surprenant à tourner le bouton d’un poste de radio FM, pour tomber sur une offre multiple de programmes relativement variés et se laisser aller à les écouter. Les écouter ou les entendre ? Tout est à nuancer.

 

La radio FM : un phénomène de société

La bande fm a bien changé aujourd’hui et ne fait plus rêver. Elle est ridée, a perdu de sa créativité. Les centaines de stations musicales se copient souvent entre-elles, par l’habillage de jingles similaires, par des interventions-sommaires des « animateurs » formatés, obligés de citer en 20 ou 30 secondes trois fois le nom de la station avec pour seule info une rumeur people ou un concert.

D’autres ont choisi de se différencier en proposant des programmes plus ciblés, pour des publics plus âgés, plus féminins, plus communautaires, plus informés, etc. Mais en 2021, « la quadragénaire » doit se renouveler et les sondages Médiamétrie indiquent une chute chez les musicales, en particulier le groupe NRJ. (1) De nos jours, la jeunesse n’est plus réellement attirée par ces radios, il suffit de poser aux collégiens la question suivante: « Qu’écoutez-vous à la radio ? Quelle radio ? », pour s’entendre répondre « Euh…on n’écoute pas vraiment, on télécharge, ou alors peut-être la radio de nos parents mais c’est parce qu’ils l’imposent » .

debut radio fmCependant, il y a quarante ans -en 1981- à 13 ans ou un peu plus, c’était une véritable excitation que d’écouter la bande Fm. Une révolution, un bouleversement culturel sans précédent. Le monopole d’Etat de la radiodiffusion s’écroulait, comme le mur de Berlin quelques années plus tard. La jeunesse cherchait tout le long d’une bande fm en plein grésillement -en tournant le bouton de sa chaîne-hifi- la radio et la musique qui lui plairait le plus. A chaque millimètre entre 87,5 et 108 MHz, on tombait sur des radios émergeantes libérant la parole des jeunes. Et surtout aussi, pour les musicales, cette année-là, permettrait désormais de faire connaître de nouveaux talents.

Le glas avait donc sonné pour la dizaine d’interprètes -toujours les mêmes- régulièrement programmés sur les radios périphériques. Désormais, les Sheila, Dalida, Frédéric François, Dave, Martin Circus ou autres Mireille Mathieu, pouvaient se faire un sang d’encre ! La Fm allait donner naissance à une explosion de musiciens et interprètes comme jamais la France n’en avait connu. Citons au hasard pour 1981-82: les Rita Mitsouko, Jean-Jacques Goldman, Céline Dion, U2, Eurythmics, Jean-Luc Lahaye, Imagination…

Retour en témoignages sur ces folles années ou l’expression orale se libère sur les ondes, avec quelques-uns des acteurs du moment liés aux débuts officiels de ces radios libres. Le lecteur comprendra que tous ne peuvent attester ici. Certains ne sont plus là, d’autres restent injoignables, d’autres encore tirent continuellement la couverture sur eux et transforment ou oublient la réalité. Alors, outre les incontournables politiques ou journalistes de l’époque impliqués dans le projet culturel de la radio Fm, la parole est donnée au fil de ces lignes à ceux qui ont activement vécu les vrais débuts en tant qu’animateurs, directeurs improvisés de station, chanteurs, passionnés et même auditeurs retrouvés !

Précisons que bien avant l’arrivée de François Mitterrand à la tête de l’Etat, les expériences radiophoniques pirates murissaient depuis quelques années. « Les événements de Mai 68 ont fait prendre conscience à une partie de l’opinion qu’elle souhaitait se faire entendre, et que la radio était un bon instrument de communication sociale. Malgré les évènements de mai 1968, l’État a conservé le monopole sur la radio et sur la télévision » (2) .

Retour sur les radios pirates

Cependant, il faut citer les noms des pionnières. L’incontournable étant Radio Caroline (née en 1964 ! ) qui diffuse sur la Grande-Bretagne et peut être reçue dans la zone côtière du Nord de la France et du Pas-de-Calais voire jusqu’en Normandie. Cette station émettant depuis un bateau dans les eaux internationales reste le premier modèle de liberté des ondes.

Plus tard, en France, il faut se rappeler de Radio-Entonnoir depuis la Fac de Jussieu, Radio Noctiluque, Radio Ivre de Patrick Vantroyen, ou encore celle de Brice Lalonde (l’écologiste) et Antoine Lefébure avec leur Radio-Verte dont la première émission date de Mai 1977. Ces premières pirates ont connu les jeux de cache-cache avec les autorités, les descentes de police, les confiscations d’émetteurs, les brouillages, les changements de sites pour émettre dans l’illégalité soit depuis un bureau à la Tour Montparnasse, soit dans des appartements vers les buttes-Chaumont, depuis des usines, etc. Mais il ne faut pas occulter non plus dans cette aventure de la radio Fm qu’une petite lueur d’espoir de voir officiellement naître ces médias-libres sous la Présidence de Giscard, avait déjà fait son chemin avec des hommes de droite comme François Delmas -Maire de Montpellier- défenseur de la libération des ondes.
Radio fil Bleu  à Montpellier émettait dès 1977…

Chacun pensait en ce temps-là que le monopole de la radio en France était verrouillé juridiquement alors qu’il n’en était rien! Aucune disposition pénale valable, selon Maître Chassaing depuis l’Hérault, ne le protège. La loi de 1972 restait trop vague. Cet avocat "giscardien", qui fit trembler le monopole en 1977, en obtenant un non-lieu suite à la saisie de Radio Fil Bleu l’a prouvé. Quelques temps après, la Loi Lecat au cours de l’été 1978 comblera le désert juridique, avec des sanctions lourdes, un véritable arsenal répressif.

La radio Fm, nommée pirate avant l’arrivée des socialistes au pouvoir ou même radio-libre, est devenue au fil du temps privée et commerciale. D’autres cependant ont préféré garder le statut associatif.

Ca grésille pas mal sur la bande Fm

Après le 10 mai 1981, ce sont des centaines de petites radios qui poussent leurs premiers grésillements sur la bande fm, avec des noms très imaginatifs. Radio-Tomate, Alligator, Ici et Maintenant, Carbone 14, Radio Eglantine, Gilda, N.R.J , et tant d’autres. Chacune avec un émetteur plus ou moins performant, avec une grille des programmes pas toujours fiable, des animateurs bénévoles capables de se donner à fond des heures durant et d’enchainer ensuite sur un « vrai métier » dans la même journée ou non.

Jean Marc Laurent studio historique NRJ 1982Des radios de fortune situées dans des studios exigus entre un lit et une kitchenette, ou au dernier étage d’un immeuble sur le plus haut de point de Paris avec l’émetteur dans la salle de bain, les micros et la console dans la cuisine, puis le standard, la discothèque, trois chaises et un canapé dans les 8 m2 restant, ou encore dans des arrières boutiques ou des appartements de copains. C’est donc le plus souvent depuis des agencements sommaires qu’émettaient les radios-libres. Le public ne voyait pas la face cachée, seules comptaient les musiques, l’ambiance chaleureuse, le ton du copinage et l’interactivité entre les animateurs et auditeurs, sans oublier l’accessibilité des « speakers » sur la ligne téléphonique unique. Un modèle loin du star system des périphériques…

En effet, l’auditeur pouvait appeler directement la radio, demander une chanson en particulier, passer un message, avoir l’animateur en ligne et même le rencontrer. En rédigeant ces lignes, permettaient exceptionnellement que j’en témoigne puisque je suis resté deux ans du début 82 à l’automne 84 sur celle qui se nommait N.R.J à Paris. Les auditeurs nous apportaient des croissants le matin, nous demandaient d’aller prendre un verre avec eux dans la capitale, nous présentaient comme des « vedettes », nous invitaient en discothèque.

Un phénomène qui touchait les stations les plus populaires sur leur zone d’émission, mais qui était déjà bien plus ancré pour la radio de Jean-Paul Baudecroux: N.R.J. Tout comme pour moi au coeur de cette radio, les animateurs comme Gilles, Catherine, Jacky, Bubu, Mitsou, ont connu ces moments de gloire naissante. Certains après 1984, ont pu aller encore plus loin dans leur notoriété selon leurs envies propres de poursuivre en tant que « pousses-disques » -comme on les appelait- sur les stations musicales. Mais ici, je resterai attaché aux principales deux premières années.

Voici quelques témoignages de plusieurs acteurs de l’époque, impliqués dans cette aventure marquante pour toute une génération. Parmi eux, l’ancien-Ministre de la Culture Jack Lang, la journaliste Michèle Cotta , les animateurs Jacky Gallois ou Alexandre Debanne, les artistes comme Jean-Pierre Mader et Jil Caplan, tout comme Alex Taylor l’un des pionniers de Fréquence Gaie, le passionné Laurent Rangin-Rochefort. Sans passer outre des propos de Max Guazzini Vice-président de « La plus belle radio » -pour reprendre un slogan historique de la bande fm- et deux témoignages recueillis d’auditeurs.

Témoignages des pionniers de la FM

Jack Lang répondant à la question Ecoutiez-vous ces radios au départ ? : « Un peu bien sur. Mais je n’étais pas fanatique. Vous savez, Jean-Marc Laurent, je suivais ce mouvement, je l’ai soutenu car je connaissais Brice Lalonde à l’époque, avec Radio-Verte » 

Jack LangMichèle Cotta , ancienne Présidente de la Haute-Autorité , à propos de l’accès à la pub pour les radios fm : « Un jour de conférence, ou je plaide en public Pour, et Fillioud Contre (il suivait la ligne du 1er ministre sans être pour autant d’accord sur ce point), on a un retour d’annonce de Mitterrand lors d’une conférence…qui annonce qu’il est favorable à la publicité dans les radios privées !!! Non mais que fallait-il comprendre …??? Alors là, Georges Fillioud et moi pour marquer notre amitié et entente finalement, un jour ou Mitterrand nous avait convoqués chacun de notre côté pour des réprimandes, nous sommes arrivés ensemble…dans la même voiture. Ensemble ,pour signifier qu’on pouvait moins nous diviser…Mitterrand a vu ça et l’a très mal pris, il était très agacé, et m’a dit « Vous arrivez ensemble ? Je croyais que la Haute-Autorité était indépendante pourtant »

Max Guazzini, ancien Vice-Président de NRJ , répond : « Nrj est déjà selon un sondage publié par Libération, la radio musicale la plus écoutée à Paris, devant RFM, qui est alors très Rock US…Dans un diner, ou j’accompagne Dalida, celle-ci demande au patron des programmes d’une grande radio périphérique: Quelle est votre opinion sur les radios libres ? Ça va passer, vite, très vite. C’est juste un phénomène de mode… ». Max Guazzini raconte aussi : « La publicité est interdite sur les radios libres. Un conseiller de Fillioud à qui je m’ouvre du problème me donne un conseil: prends contact avec des producteurs de cinéma. Tes auditeurs les intéressent…Cette année là, Anne François produit et distribue un film policier, La Balance…elle nous donne 50 000 francs de l’époque…en échange de quoi nous proposons aux auditeurs des places pour l’avant-Première. Cela équivaut à de la publicité déguisée » ( cit: Max Guazzini dans « Je ne suis pas un saint » chez Robert Laffont , p.100,102,104 ) 

Alexandre Debanne, présentateur, m’évoque : « Pour l’anecdote, Daniel Colling qui est l’un des cofondateurs du Printemps de Bourges, avait réussi à me trouver et m’avait proposé d’être la radio de son festival ! Je ris en y repensant, c’était en 77 et je suis devenu la radio officielle du Printemps de Bourges dans les années illégales de la radio Fm…Ma radio s’appelait CFM (pour Cher le département, et Fm bien-entendu). Donc, dans ma région j’avais déjà fait un peu parlé de moi, et j’ai été contacté par un petit groupe de presse pour monter une radio à Blois. Mais je continuais mon métier de disc-jockey pour gagner ma vie. 

Jacky Gallois, que les auditeurs d’Europe1 ont pu suivre pendant des années a démarré pile en 1981 sur NRJ : « En sortant de l’Ecole d’animation - l’Esac- je participe à un concours pour décrocher un boulot. Je gagne le 3ème prix, pour devenir animateur. Je devais partir sur Radio-Antilles, sur l’île de Montserrat. Mais le hasard a voulu qu’Eric Perrin -futur journaliste passé aussi par NRJ -élève comme moi à cette époque- écoute dans un couloir un échange téléphonique d’où il ressort que le créateur d’une future radio parisienne recherche des jeunes pour son projet. Nous sommes là environ dix jours après l’élection de François Mitterrand… Sous l’impulsion d’Eric, nous avons appelé le numéro -sans que le Directeur de notre Ecole ne soit au courant- et c’était le numéro de Jean-Paul Baudecroux ! (Le créateur d’ NRJ). Ainsi le 15 juillet 1981, j’ai commencé à 15 heures la prise d’antenne.

Alex Taylor 1982En interviewant Alex Taylor -le seul animateur radio et télé adopté par les frenchies malgré un accent « cup of tea »- je recueille ses impressions : « Dès que j’ai fini mes études à l’Université d’Oxford, je suis venu en France et suis tombé amoureux d’un étudiant qui connaissait Patrick Oger celui qui voulait créer la radio Fréquence Gaie. J’assistais à des réunions pour le plaisir avec mon petit ami, et je me suis pris au jeu car lancer une radio pour défendre la cause gay me semblait pertinent. Il faut dire que j’avais quitté mon pays, surtout avec le durcissement voulu de Thatcher et sa « clause 28 » qui interdisait en public de promouvoir quoique ce soit sur l’homosexualité. Donc, en France, j’arrivais dans un pays qui laissait une liberté bien réelle à tous » 

Le témoignage de Laurent Rangin-Rochefort est aussi incontournable pour comprendre cette époque : « Sur la bande fm, c’est RFM qui m’a plu, avec un certain Sergio qui imitait Georges Lang, version plus proche de notre âge. J’ai toujours été attiré par ce média qu’est la radio, seulement mes parents voulaient que j’ai un « vrai métier ». Alors, je me suis dirigé vers l’aérien, pour entrer chez TAT. Ce qui ne m’a pas empêché entre 82 et 83 de faire mes expériences bénévolement sur les radios libres. A Ris-Orangis sur Canal 102 ou il y avait aussi Kad Mérad. Un jour, suite à une annonce dans Télé 7 jours, un producteur de France-Inter donnait la chance aux jeunes. C’était Michel Bichebois. Il demandait une maquette, et si c’était convaincant on animait la nuit sur France-Inter dans Les Bleus de la nuit. Je l’ai faite plusieurs fois . Quels merveilleux souvenirs ». 

Justement, Michel Bichebois qui a fait carrière dans le service public, s’est vite rendu-compte que la Fm pouvait être un vivier pour rajeunir l’antenne d’Inter: « Je me souviens de Philippe Dana, Christophe Dechavanne, Noelle Bréham, qui sont passés dans mes émissions à leur début. On a voulu donner une liberté d’expression « cadrée » sur France-Inter, et puis je faisais un débrief, il y avait un conducteur précis, une programmation choisie, etc, toutes ces choses n’existaient pas dans les radios libres. On a professionnalisé ceux qui voulaient poursuivre dans cette voie. En tous les cas dans notre sphère publique ».

Jean-Pierre Mader, le chanteur : «…le producteur de mon album -Richard Seff- a proposé à Phonogram qui est devenue Universal, de faire un tour de France de toutes ces radios pour la promo de mon disque et en échange on faisait la carte d’identité de toutes ces radios susceptibles de les intéresser pour faire entendre leurs productions. La maison de disque nous payait aussi la location de la voiture et les petits hôtels avec les repas. Donc je fais la tournée des villes de France . On avait acheté une petite radio , on allait dans les grandes villes Marseille, Lyon, St-Etienne, Lille, Roubaix, Nantes etc…on repérait les radios avec le petit poste, et comme les animateurs donnaient les numéros de téléphone, on appelait pour porter mon album et le faire passer. Voilà. Sans la Fm j’aurais beaucoup plus galéré c’est vrai ».

Jil Caplan : « J’écoutais Carbone 14 , Radio Tomate, et j’enregistrais avec une K7 les morceaux mais ça m’énervait car les animateurs mettaient les jingles sur les intros. Mais j’ai fait aussi de la radio, sur Boulevard du Rock, on s’appelait les mignonnes à rocker ! J’animais avec deux copines. On invitait des groupes underground du moment pour des interviews. Ils n’ont pas fait carrière mais c’est pas grave, on s’amusait, c’était dingue. On sortait de la radio de papa-maman, pour s’approprier un nouveau média et le faire à notre façon. Personnellement j’ai d’abord connu ces radios en tant qu’auditrice et animatrice, avant que ce ne soit les radios qui programment mon premier titre « Oh tous les soirs » en 87…et là ce n’était plus les radios libres ».

40 ans de radio Fm

Pour conclure, les quarante ans de la radio Fm seront sans doute célébrés timidement auprès de quelques médias en 2021, face à une forte actualité toujours liée à la pandémie du Covid-19 qui ne cessera pas du jour au lendemain. Face aussi sans doute à un autre anniversaire d’envergure, celui des quarante ans de l’abolition de la peine de mort en France comme évoqué en début d’article. De nos jours en métropole on compte 1220 radios privées. La France reste le pays qui a vécu la plus folle aventure de la bande Fm, tant par son histoire que par son impact auprès de la population. Reste à savoir si elle a encore de beaux jours devant elle, les musicales perdent tous les jours des auditeurs, le marché publicitaire n’est plus le même, les générations se suivent et ne se ressemblent pas et aujourd’hui c’est le téléchargement qui prend son envol, où encore les playlists personnalisées, ainsi que les podcasts.

Jean-Marc Laurent, animateur pionnier des débuts de la radio Fm légalisée, consultant en Prise de parole et Journaliste

(1). Médiamétrie a publié les résultats d’audience de la Radio en France Métropolitaine sur la période allant du 31 août au 1er novembre 2020, mesurée auprès de 29 710 personnes âgées de 13 ans et plus.

(2)  Deleu, Christophe. « Chapitre 2. L'apparition des radios libres », , Les anonymes à la radio. Usages, fonctions et portée de leur parole, sous la direction de DeleuChristophe. De Boeck Supérieur, 2006, pp. 31-42.

Pour aller plus loin

FM - la folle histoire des radios libres. Grasset, 1986.

Radios pirates,  de Radio Caroline à la bande FM, de Daniel Lesueur. Camion blanc, 2011.

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