pompei dernieres decouvertes pdt 52057Une grande exposition sur Pompéi du 25 mars au 8 juin 2020 devait se tenir au Grand Palais à Paris. La crise sanitaire actuelle liée au Covid-19 a repoussé l’ouverture. Une partie de l’exposition est proposée en avant-première en ligne, grâce à une reconfiguration en ligne de celle-ci intitulée « Pompéi chez vous ». Les Éditions Faton proposent un hors-série en lien avec cette exposition qui fait le point sur les découvertes les plus récentes et les dernières fouilles sur Pompéi.

 

Un nouveau hors-série entièrement consacré à la cité du Vésuve

Dans son article introductif, Hélène Dessales fait un point sur l’histoire du site de Pompéi, des fouilles et l’historiographie du site. Pompéi est qualifié de laboratoire urbain en raison de son élaboration et de ses transformations successives tout au long de ses sept siècles d’existence. Si le site a été longtemps vu comme une ville romaine idéale et unifiée, la recherche au XXe siècle a remis en cause cette vision. Les fouilles se sont davantage intéressées aux périodes précédentes l’éruption volcanique grâce notamment aux travaux d’Amadeo Maiuri, en particulier les siècles plus reculés (VIe et Ve siècle avant notre ère) mais aussi la période suivant le séisme de 62-63. Les fouilles les plus récentes poursuivent ces travaux en historicisant davantage le site. Après un très beau port-folio, Zanella Sandra aborde l’importance historiographique de la redécouverte de Pompéi qui a permis de confronter l’œuvre de Vitruve à des réalités archéologiques. Hélène Dessales fait le point sur les dernières recherches sur la villa de Diomède qui permettent de retracer son histoire et ses six phases de construction. Hélène Eristov revient sur l’historiographie des styles pompéiens et en particulier la Geschichte der dekorativen Wandmalerei in Pompeji d’August Mau en 1882 qui répertorie quatre styles toujours d’actualité. 

L’auteur présente ensuite ces styles successivement. William Van Andriga aborde la présence des dieux à Pompéi et en particulier dans l’espace domestique et professionnel à partir des images et des statues retrouvées. Hélène Eristov propose un focus sur une peinture qui ornait la façade de l’Officina dei Feltrai (atelier des artisans du feutre) représentant Vénus sur son char tiré par des éléphants. L’auteur éclaircit ce motif qui est à ce jour un unicum. Éloise Letellier-Taillefer consacre un article aux édifices de spectacle pompéien qui se distingue par un équipement précoce et très développé pour une ville de cette taille. Julie Labregère aborde le passé étrusque de la ville. Deux contributions abordent l’activité économique à travers la foulonnerie et la poterie antique. Elles montrent le dynamisme économique de la ville à la veille de l’éruption volcanique. L’archéologie funéraire n’est pas oubliée et cette discipline permet de retrouver les rites pratiqués grâce aux recherches sur la nécropole de Porta Nocera. Cyrl Dumas revient sur l’image d’une Antiquité romaine décadente. Il montre l’apport des fouilles de Pompéi à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle à ce mythe : les scènes érotiques et les nombreux phallus découverts ont contribué à nourrir ce mythe et a inspiré des artistes à l’instar de Couture ou de Bougereau. Le regard porté sur ces objets est pourtant très éloigné de ceux que les Pompéiens portaient à la veille de l’éruption volcanique.

Ce hors-série permet donc de découvrir ou de redécouvrir un site très connu mais dont l’image masque la profondeur historique. Les différents articles proposés constituent un panorama des connaissances actuelles et des chantiers en cours sur le sujet. Le dossier est accompagné, comme à l’accoutumée, d’une riche iconographie. Ce numéro est donc un excellent complément archéologique et historique à l’exposition du Grand Palais et reflète bien les chantiers et les renouvellements de la recherche en cours sur ce sujet.

Pompei, dernières découvertes. Dossiers d'archéologie, avril 2020. Enkiosque et sur abonnement.

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