Le 8 mai 1945 est signé à Berlin l'acte de capitulation de l'Allemagne, qui met fin à la seconde Guerre Mondiale en Europe, après six années d'un conflit qui a ravagé le continent et fait des millions de morts. Cet acte de reddition inconditionnelle de toutes les forces armées allemandes avait été signé une première fois le 7 mai au quartier général d’Eisenhower à Reims, mais un second texte fut signé le lendemain au quartier général soviétique dans la capitale du Reich, à la demande express de Staline. La commémoration du 8 mai est un jour férié dans de nombreux pays. Chaque année en France la flamme de la tombe du soldat inconnu de l'Arc de Triomphe est ranimée lors des cérémonies officielles.
Une tentative de paix séparée
Avril 1945 : l'armée allemande est en déroute sur tous les fronts. Dans la dernière semaine du mois, la résistance contre les Alliés cessa pratiquement partout à l'ouest, mais les troupes allemandes sur le front de l’est se battirent désespérément pour éviter d’être faits prisonniers par les Soviétiques. Avant que Berlin ne soit encerclée par les soviétiques, la plupart des dignitaires nazis ont quitté la capitale pour se mettre en lieu sur. Resté sur place dans son bunker, Adolf Hitler se suicide le 30 avril à 15h30 et son corps est brûlé peu après. Bormann et Goebbels tentent de négocier avec les Russes, mais devant leur refus le premier informe l'amiral Dönitz de la mort du führer (il doit lui succéder), et le second se suicide. C’est le lendemain au soir, sur la 7eme symphonie de Brückner, que la radio annonce officiellement la mort d’Hitler. Que va devenir le IIIè Reich ?
C’est d’abord Dönitz, le successeur désigné, qui tente de négocier une paix séparée avec les Alliés occidentaux, voulant en revanche continuer la lutte contre les Soviétiques. L’amiral peut compter en théorie sur une armée toujours puissante, mais en fait totalement désorganisée. Ses tentatives pour discuter une trêve avec Montgomery (les Anglais ont passé l’Elbe le 2 mai) échouent, tout comme celles avec Eisenhower, les deux chefs alliés refusant toute reddition partielle sans accord des Russes, n’acceptant qu’une capitulation sans conditions sur tous les fronts. Les combats continuent, ce qui permet au VIè groupe d’armées franco-américain de faire des prisonniers importants, dont Goering.
La capitulation allemande signée…le 7 puis le 8 mai
Après l’amiral Friedeburg, Dönitz envoie négocier le général Jodl, hostile lui à toute capitulation, pour gagner du temps ! Jodl obtient pourtant d’Eisenhower un plan de reddition qui, s’il se cache derrière un ultimatum, permet aux Allemands de gagner ce temps qu’ils cherchaient. L’amiral Dönitz semble convaincu par Jodl, malgré ce qu’il qualifie de « chantage » de la part du généralissime allié, et donne les pleins pouvoirs à son négociateur pour signer l’accord. C’est donc le 7 mai qu’est signée à Reims la première capitulation allemande, en présence d' Alfred Jodl et Friedeburg côté allemand, Bedell-Smith côté américain, Morgan pour les Britanniques, Sevez pour la France, Souslaparov représentant la Russie.
Pourtant, la capitulation n’est pas totale. Une cérémonie doit être organisée au quartier général russe pour entériner la fin des combats. Friedeburg est conduit à Berlin, rejoint par Keitel et Stumpff, et ils doivent signer le même accord qu’à Reims, cette fois en présence de Joukov, Tedder, Spaatz, de Lattre de Tassigny et Vychinski ; nous sommes le 8 mai 1945. Après une entrée théatrale et découvrant la présence du drapeau français, le maréchal Keitel s'exclame : « Ah ! Il y a aussi des Français ! Il ne manquait plus que cela ! ». Il signe les actes de capitulation après avoir appelé à la clémence des vainqueurs, dans un silence glacial. Absent, Dönitz annonce pourtant à la radio la nouvelle aux officiers, déclarant que l’Allemagne, en étant occupée par les Russes, est « revenue mille ans en arrière ».
La fête de la victoire du 8 mai 45 en France
La loi du 20 mars 1953 instaura le 8 Mai comme une fête légale et un jour férié : le général de Gaulle supprima le jour férié en 1961, la commémoration de la victoire étant fixée au deuxième dimanche du mois de mai. Le président Valéry Giscard d'Estaing décida le 8 mai 1975 de supprimer toute commémoration ; celle-ci fut rétablie par le président François Mitterrand, ainsi que le jour férié, par la loi du 2 octobre 1981.
Bibliographie
- 8 jours en mai: L'effondrement du IIIe Reich, de Volker Ullrich. Passés composés, 2023.
- Les 30 jours de Berlin : 8 avril - 8 mai 1945 de André Besson. France-Empire, 2005.
- 8 mai 1945, la capitulation allemande, de Daniel Costelle. L'Archipel, 2005.